Edito 01.2005 :

Les Américains achètent Paris et les grandes villes d'Europe.

 

Depuis le début des années 1990, de nombreux investisseurs institutionnels, compagnies d'assurance, banques, sociétés foncières, cèdent par pans entiers leur patrimoine locatif. Avec la hausse du marché immobilier (Quelle politique du logement), le mouvement de cessation est devenu massif. Les investisseurs se séparent de leurs actifs immobiliers en encaissant de larges plus values au passage. En 1992, les bailleurs institutionnels possédaient 64000 logements à Paris, ils devraient en détenir 49000 d'ici 2010, selon l'Observatoire des loyers de l'agglomération parisienne (OLAP). En cédant ces actifs immobiliers, ces bailleurs ont évidemment réalisé des plus values mais de nombreux investisseurs institutionnels furent « invitées à affecter le produit de ces ventes à la compensation des moins values obtenues sur le marché boursier ou aux paiement des pensions. Ce mouvement s'observe dans les grandes villes françaises, notamment Paris, Lyon et Marseille, mais également dans les grandes villes européennes, notamment italiennes, allemandes .Westbrook, fonds d'investissement américain, a acheté en 2003 aux sociétés foncières Gecma et Simco, 10 bâtiments dans le quartier du Faubourg Saint Honoré à Paris 8e au prix moyen de 3700 euros le m2. Il les revend en 2005 au prix moyen de 6300 euros le m2. Filiale du Crédit Foncier, Sorège III avait acheté en février 2004 trois immeubles rue de Montreuil à Paris 11e au prix moyen de 2300 euros le m2en , il les revend lot par lot en 2005 au prix moyen de 4600 euros le m2.Le marché immobilier parisien subit ainsi « des raids de groupes financiers américains motivés par la spéculation immédiate ».A Lyon, le quartier Grolée-Carnot, dans le 2e arrondissement, fut vendu par la ville en janvier 2005 au céréalier Cargill. Une grande partie du domaine privé de la ville fut ainsi vendu pour financer un plan de construction de crèches et d'écoles. La ville souligne que le taux de rendement des loyers étaient de 2 % et ne couvraient pas les taux moyens d'emprunts entre 4 % et 5 % qu'elle devait supporter pour financer ses crèches. .En Italie, 27000 immeubles résidentiels appartenant à l'Etat et à des caisses de retraite furent vendus en 2001, 62800 autres immeubles furent également vendus en 2003 dans les mêmes circonstances. En Allemagne, dès 1997, la Deutschepost et le gouvernement fédéral cédaient 39000 logements. En 2004, la BFA, caisse de retraite publique allemande cédait 78000 appartenais berlinois à des fonds de pensions américains. Fin 2004, Thyssen Krupp vendait 48000 logements situés dans la Ruhr à un fonds de la banque américaine Morgan Stanley. Manifestement, ces phénomènes d'achat immobilier par lots et de revente à la découpe alimente la hausse du marché immobilier en Europe et enchérit le prix de vente et de location des biens immobiliers au détriment des plus fragiles, des plus démunis et des classes moyennes. Il est assez insupportable de constater que des organismes publics (communes, départements, caisses de retraite) participent à ce mouvement de spéculation immobilière et d'appauvrissement des populations (qui doivent consacrer une part plus importante de leur budget au logement) au prétexte qu'ils n'ont pas d'autres sources de revenus assez optimales pour financer des infrastructures et activités sociales. Il est également insupportable de constater que ces dits organismes publics comme privés bradent tout le patrimoine immobilier national et européen à des banques commerciales et fonds de pensions notamment anglo-saxons. Tout se passe comme si le droit au logement était assujetti à une taxe perçue par l'étranger.

Une autre solution existe. Le retour à la Banque centrale européenne du droit régalien d'émission monétaire lui permettrait de financer sans intérêt et très longue échéance des investissements collectifs durables tels que des logements, des crèches, des écoles, des foyers d'accueil, des centres sanitaires et sociaux, des hôpitaux, mais également des infrastructures routières et ferroviaires. Des organismes publics, la Banque européenne d'investissement, les collectivités locales, les caisses de retraites, émettraient des emprunts à long terme ne rapportant aucun d'intérêt. Si les investissements collectifs durables des organismes publics concernés sont éligibles à ce type de financement direct, la Banque centrale européenne souscrira à ses emprunts à long terme et sans intérêt. L'éligibilité sera déterminé sous contrôle parlementaire. De nombreux investissements collectifs durables pourraient ainsi être éligibles à ce type de financement. Une proposition de loi n°157, (La proposition de loi organique n°157) issue de travaux de Tovy Grjebine, en présentait les aspects techniques voici quelques années. Elle mériterait d'être réactualisée sous la forme d'un projet de loi. Le financement des investissements collectifs durables est l'un des aspects de l'économie créditrice que nous soutenons dans ces pages. Son application exige l'intervention politique. Réveillez la.

Janpier Dutrieux, janvier 2005.

janpier.dutrieux@worldonline.fr

   

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