Edito 10.2004 :

Un impératif immédiat : supprimer la grande pauvreté dans le monde. Une chambre de compensation pour une croissance et un développement économique homogène.

 

Selon la Banque mondiale, « la population mondiale va s’accroître au cours des trois prochaines décennies de 2,5 milliards de gens, dont 97 % dans les pays les plus pauvres ». Mais déjà plus de 2,8 milliards de personnes vivent avec moins de deux dollars dans le monde alors que une personne sur sept souffre de malnutrition.

C’est aussi avec pertinence et tout à l’honneur de la France que le président de la République Jacques Chirac  a souligné, en compagnie du président brésilien Luis Inacio Lula da Silva, ce 20 septembre 2004, devant l’assemblée annuelle des nations unies que la « préoccupation sociale doit irriguer l’ensemble de l’action internationale.

Après avoir écarté la taxe sur les transactions financières à court terme (ou taxe Tobin), la France en reprend l’idée pour financer la lutte contre la grande pauvreté dans le monde avec tout un arsenal de mesures étudiées par le rapport Landau, notamment une taxe internationale sur les transactions financières, un impôt additionnel sur les entreprises multinationales, une taxe sur le commerce des armes, d’autres sur le carbone et sur le kérosène consommé et l’utilisation des couloirs aériens. La Grande Bretagne  suggère également d’offrir une « facilité de financement international (IFT) » qui permettrait de distinguer les investissements financés par des prêts des dons, ces derniers, n’aggravant pas l’endettement des pays bénéficiaires.

Enfin, le financement d’origine privée ne fut pas exclu du champ des propositions de ce projet.

 

Nous devons, certes, soutenir les actions privées de lutte contre la pauvreté en dehors des circuits  financiers traditionnels des Etats et des marchés. Nous devons soutenir notamment :

- les micros crédits. Mis en place par la Grammen Bank de Mohammad Yunus et en France par l’Association pour le Développement et l’Initiative Economique (ADIE) de Maria Novak, les micro crédits permettent d’accorder des petits prêts à faible taux d’intérêt à des personnes exclues des réseaux bancaires.

- les placements éthiques. Ils permettent de donner une partie des intérêts perçus à l’occasion d’un placement financier aux emprunteurs potentiels, et de choisir le domaine dans lequel l’épargnant désire l’investir. La Nouvelle Economie Fraternelle (NEF) en fut l’initiatrice.

- les Systèmes d’Echanges Locaux (SELs). Inspiré par la monnaie franche de Silvio Gesell qui relança des économies locales dans les années 1930 et 1950 en Europe et en Amérique latine, un SEL permet d’offrir à tous ses membres un travail et du crédit sans intérêt, l’un et l’autre sont financés par des bons d’échange non thésaurisables.  

 

Mais au delà de ces initiatives de la société civile, il conviendrait d’étudier la possibilité d’instaurer une chambre de compensation internationale pour mettre les excédents financiers des uns aux service des autres afin de créer un ordre international de mutualité et de solidarité financières. 

Cette chambre de compensation internationale gérerait une monnaie de réserve qu’elle remettrait aux Banques centrales  en échange de leurs propres monnaies, à hauteur de leurs déséquilibres.

Cette monnaie de réserve, dont le taux de change serait fixe mais révisable, ne s’échangerait qu’entre Banques centrales et ne circulerait pas dans le public. Elle ne serait donc pas être inflationniste puisque si son volume est trop élevé, elle restera dans les écritures de la Chambre de compensation internationale, tout comme les excédents d’or restaient jadis dans les Banques centrales. Tous les mouvements entre les Banques centrales s’exprimeront dans cette monnaie, ce qui supprimera la spéculation entre devises sur les marchés.

Les pays adhérents à ce système de chambre de compensation internationale devront respecter une discipline mutuelle et solidaire commune Il s’agira pour les pays excédentaires d’utiliser leurs excédents pour acheter des biens et services, pour investir  ou pour fournir une aide financière à  un autre pays débiteur.

Ainsi, ce système de chambre de compensation internationale interdira à un pays donné qui épargne trop de freiner la demande des autres pays. Il permettra de réinjecter les excédents financiers internationaux dans le circuit économique et de les utiliser pour accroître le PIB Mondial de façon plus homogène.

La plus grande source d’instabilité de la planète est la pauvreté. Le recul, voire la suppression de la grande pauvreté dans le monde est le seul moyen d’humaniser l’humanité, de fixer les populations et de construire la paix. 

 Janpier Dutrieux

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