. De la
dissociété à la
société de progrès humain.
L’ouvrage
de Jacques Généreux « La dissociété » dont il fut ici déjà question
[2]
reprend un thème que l’auteur a déjà développé dans des travaux antérieurs.
En 2001, Généreux lançait l’Association internationale pour l’économie
humaine et publiait à cette occasion un « Manifeste pour l’économie
humaine » dans lequel il dénonçait la pensée unique des économistes et
l’évolution de l’économie politique en sciences économiques. Il soulignait
que « l’incapacité des économistes à affirmer collectivement et
massivement la possibilité de penser d’autres modèles contribue à fourvoyer
plus avant certains de nos concitoyens et nombre de nos élus dans une
opposition stérile entre le politique et l’économique. Or, nous savons, nous,
que l’économie est politique et qu’il s’agit de réintégrer, et non
d’opposer, l’économie et la démocratie. » (Esprit juillet 2001) ».
Je notais à l’époque que d’autres auteurs s’inscrivaient également dans cette
démarche : Dominique. Méda, Michel. Aglietta, René. Passet… [3]»,
sans pour autant avoir de prise réelle dans le monde politique, même
d’opposition. L’objet
de son étude actuelle, en 2007, est de jeter les bases d’une approche sociale
qu’il nomme « socialisme méthodologique » comme alternative à la
dissociété générée par la pression mimétique des comportements néolibéraux et
à l’hypersociété que suscite un environnement collectiviste. Bien
sûr, on remarquera qu’en 2007, ces remarques sont devenues des truismes.
Amartya Sen est devenu prix nobel d’économie 1998 et, le CNUDED a vulgarisé
les indicateurs de développement humain (IDH) qu’il ne cesse d’opposer aux indicateurs
de production économique. Le développement durable s’impose comme une
condition de notre survie dans un monde où les hypothèses de changement
climatique sont inquiétantes. Les micro-crédits de Muhammad Yunus, couronné
prix nobel de la paix 2006 et les placements éthiques, hier marginaux, sont
distribués par toutes les banques (Ici comme dans d’autres commerces, les
bons sentiments sont devenus des produits d’appel, produits éthiques,
solidaires, etc.). L’abbé Pierre nous a quittés mais ses militants sont
devenus ministres. Et
pourtant « tout le monde est
sommé de se conduire en guerrier, en gagnant pour échapper à l’exclusion (….)
Cela conduit à une dissociété, ou non société juxtaposant des individus (ou
sous communautés d’individus) rivaux et repliés sur eux-mêmes, (…) phénomène
qui peut «en une ou deux générations à peine, transformer l’être humain en
être dissocié, faire bousculer les sociétés développées dans l’inhumanité de
dissociétés peuplées d’individus dressés (dans tous les sens du terme) les
uns contre les autres ». (p.28). Que
peut la compassion individuelle contre la violence institutionnalisée d’une
société ? La spirale causale peut engendrer de
l’entropie sociale comme de l’empathie sociale. Pour
comprendre les raisons de cette violence, Généreux s’interroge tout d’abord
sur la définition de la société.
On
en déduit que, comme tout organisme vivant, la société évolue, peut
s’améliorer, enrichir ses liens (c’est l’empathie) s’appauvrir ou se
distordre (c’est l’entropie). Quand un système physique tend à être moins
organisé, son entropie augmente. La société souffre d’entropie quand elle se
distord en agrégats d’égoïsmes qui ruinent la coopération et l’empathie –
c’est la dissociété - ou s’aligne sur un altruisme idéalisé qui nie ses
éléments et les fonde dans l’ensemble – c’est l’hypersociété.
Chacun
de nous connaît bien évidemment une multitude de raisons qui explique cette déviance
sociale qu’est la dissociété. Les boucs émissaires sont nombreux. L’évolution
de la société résulte, selon Généreux, d’une spirale vicieuse ou vertueuse
des interactions sociales. Or, nous ignorons souvent cette spirale causale
pour nous refugier dans une analyse enchaînant de façon linéaire les causes
aux effets, comme par exemple la poule et l’œuf. Noua avons affaire à une
spirale et non à une chaîne des causes aux effets..
Cette
spirale causale engendre de la dissociété. Quelqu’un dit que la
mondialisation est nécessaire à la survie de l’humanité, et son discours est
relayé par d’autres personnes, d’autres média et cela devient une quasi
certitude pour l’ensemble de la planète. Et pourtant, individuellement, nous
ne le croyons pas, nous en doutons, mais nous ne nous révoltons pas. Nous sommes
entrés dans le cercle vicieux dissocial où « celui qui s’arrête de
tricher dans (ce) monde où tout le monde triche est à la fois sûr de perdre
et de ne rien gagner » (p.27). Nous sommes ainsi plongés dans une
situation paradoxale où « une majorité d’individus sains d’esprit tolère
de vivre dans une société de plus en plus inhumaine, alors même qu’elle est
consciente de cette situation, et persuadée que tout irait mieux si tout le
monde décidait de se comporter autrement et de militer pour d’autres règles
du jeu » (p. 419). Cette situation « d’évitement du conflit
psychique », d’apathie sociale et de soumission à l’autorité, si
informelle soit-elle, n’est pas
nouvelle. Elle fut déjà étudiée par
Hannah Arendt dans ses analyses
de la passivité humaine et sociale devant la banalité du mal, et à l’occasion
d’expériences carcérales ou de « reality show ». Généreux nous
raconte l’histoire de Kity Genovese, jeune femme assassinée à New York devant
38 personnes le 17 mars 1964. Personne ne fit un geste, non pas parce que
tous avaient peur, mais parce que chacun pensait qu’un autre témoin allait réagir, prévenir la police. En
vain ! Comment expliquer cette apathie et cette soumission paradoxale à
la dissociété ? La résilience [4] et
le dilemme des prisonniers. Il
faut tout d’abord noter que quand le processus de dissociété est enclenché,
il devient « auto-réalisateur. Non seulement les individus ne peuvent
l’empêcher, mais en outre, leurs réflexes de protection contre la souffrance
psychique engendrée par leur dissociation approfondissent la dissociété (p.
417). On ne peut donc enclencher de processus correcteur car « une
partie d’entre nous n’a aucune conscience d’être malade, ni que la société
est inhumaine », et l’autre, « l’immense majorité d’entre nous n’est
pas malade, mais seulement résiliente » (p. 418). Cette majorité
silencieuse se protège en « restant à côté », en « faisant
avec », en supportant, en se créant d’autres mondes, d’autres joies.
Mais cette résilience « peut avoir pour effet d’aggraver une pathologie
sociale en inhibant la volonté et la capacité de résistance des
individus » (p. 421). Nous sommes, en quelque sorte,
enfermés dans des attitudes résilientes qui nous font accepter l’inacceptable
et croire que c’est la meilleure solution. Généreux
nous explique cela en empruntant à John Nash, prix Nobel d’économie 1994
(récompensée pour ses travaux sur les jeux non coopératifs), le paradoxe du
« dilemme des prisonniers ».
La
question est donc de savoir comment cette majorité résiliente peut sortir du gigantesque
dilemme des prisonniers dans lequel elle est enfermée. En
fait, la population résiliente, renfermée sur elle-même, largement
majoritaire, sait parfaitement que la dissociété actuelle et inhumaine, mais
« elle est en revanche inconsciente de sa responsabilité directe dans
l’extension (de celle-ci) et son inconscience est en grande partie fondée sur
sa certitude de n’avoir aucun pouvoir pour changer quoi que ce soit »
(p. 428). En conséquence, si cette
majorité lucide et résiliente pouvait se consulter, délibérer et décider
ensemble, la dissociété serait impossible. Il faut donc réinventer une
« conversation politique ». C’est à cette fin que l’auteur propose
une méthode : le socialisme méthodologique. Le Socialisme méthodologique En
effet, le défi posé à ceux qui veulent en sortir « ne concerne pas
d’abord le contenu des politiques, mais la méthode politique qui permettrait
de surmonter le fait que, à l’évidence, une majorité d’individus collabore à,
ou tolère, la dissociété » (p. 427). Le
socialisme méthodologique que suggère Généreux se fonde sur l’interactivité
et la réciprocité des rapports entre l’individu et la société : sur la
primauté du lien sur le bien. « Alternative à la dissociété et à
l’hypersociété », il réfute
également le libéralisme individualiste et le socialisme étatique. « Il
ne remet pas en question l’existence de personnes singulières distinctes de
la société et aspirant à l’autonomie par rapport à celle-ci » (p.161)
mais refuse « le collectivisme et le holisme individualisé ». Bien
que cette approche ne soit pas sans rappeler les travaux des non conformistes
des années 30, Généreux occulte totalement l’imposant travail de défrichage
intellectuel d’Alexandre Marc, d’Arnaud Dandieu, Denis de Rougemont, Daniel
Rops, Robert Aron, Emmanuel Mounier. [5] La censure de la rue Saint Guillaume est
passée par là [6]. Il
évoque cependant Charles Fourier et Pierre Joseph Proudhon (p. 162) qu’il
considère comme des « individualistes sociaux » davantage
« pionniers d’une philosophie sociale que d’un principe
méthodologique » (p. 223). Il reproche à l’ « individualisme
social » des socialistes français de « reposer sur une
anthropologie téléologique : le sens de l’histoire serait la fusion de
toutes les aspirations contradictoires de l’homme en une seule » (La
revue socialiste n° 194, février 1991). En revanche, le socialisme
méthodologique postulerait « deux aspirations ontogénétiques (être soi,
par et pour soi, être avec, par et pour autrui) qui sont indissociables. C’est
un peu évacuer rapidement la méthode proudhonienne de résolution des
problématiques sociales qui s’articule autour de la dialectique des
antinomies ou équilibre des contraires qu’il opposait à la synthèse de la
dialectique marxiste (individu et société, liberté et autorité, libre-échange
et protectionnisme). Mais
à la différence de la démarche proudhonienne qui ne fut qu’une quête de la
justice, éminemment morale, «le socialisme méthodologique est une méthode
d’analyse, ce n’est pas une éthique » (p.163) souligne Généreux. En d’autres
termes, ce qu’il reproche au socialisme français, c’est d’être moral :
« Les premiers socialistes restent dans le cadre du raisonnement éthique
qui domine la philosophie politique ». En
revanche, c’est un « faux matérialisme » qu’il dénonce chez Marx.
« Ce qui a manqué à Marx pour sortir de l’incohérence, c’est une
conception plus réaliste de l’être humain (…), c’est aussi un vrai
matérialisme considérant les idées, les croyances et la vie de l’esprit pour
ce qu’elles sont ; non pas des notions métaphysiques séparées du corps,
mais des composantes de notre existence, tout aussi matérielles que les
conditions de production. C’est donc le socialisme méthodologique qui a
manqué au socialisme scientifique ». Et, en note (n.189) : « Je
dénonce ici chez Marx le faux matérialisme (…) qui consiste à déclarer
immatérielle une bonne partie du fonctionnement de notre cerveau pour en
faire un simple produit social déterminé par les conditions matérielles
d’existence. Pour le neurobiologiste, penser n’est pas une activité moins
matérielle que manger ou boire. Cela ne lui interdit pas, éventuellement, de
croire en l’essence divine de l’âme. Cela lui interdit seulement de dire que
la chimie n’intervient pas dans la formation des idées [7]
(p. 241) ». Une société de progrès humain. La
seconde grande idée de Jacques Généreux, qui résulte du socialisme
méthodologique, est l’instauration d’une société de progrès humain qui
« consiste à déclarer que la
quête de liens vaut mieux que celle de biens ». Il considère trois
domaines : politique, économique et écologique. La
critique politique : Pour
illustrer son propos politique, Généreux imagine une parabole domestique.
Comment
ne pas penser ici à Proudhon dénonçant
le suffrage universel et proposant la multiplication de contrats
synallagmatiques à travers le pays : « Si donc le contrat que je
fais avec quelques uns, si tous pouvaient le renouveler entre eux ; si
chaque groupe de citoyen, commune, canton, département corporation, compagnie,
etc ; formé par un semblable contrat et considéré comme personne morale,
pouvaient ensuite, et toujours dans les mêmes termes, traiter avec chacun des
autres groupes et avec tous, ce serait exactement comme si ma volonté se
répétait à l’infini. Je serais sûr que la loi ainsi faite sur tous les points
de la République, sous des millions d’initiatives différentes, ne serait
jamais autre chose que ma loi et, si ce nouvel ordre de choses était appelé
gouvernement, que ce gouvernement serait le mien [8]» Mais
Généreux occulte cette voie, car, on l’a vu, le socialisme français est
moral. Aussi, sa critique politique se limitera à une critique des
institutions, ce qui, reconnaissons-le, est mieux que rien. Ainsi,
souligne-t-il, si « nous étions
dans une démocratie directe au sens strict du terme (le peuple délibère et
exerce le pouvoir de décision), la majorité lucide et résiliente pourrait en
théorie empêcher l’essor d’une société inhumaine Mais en pratique, nous
sommes dans une démocratie représentative qui organise un marché politique
concurrentiel, où des entreprises publiques (les partis) proposent les
options entre lesquels les citoyens doivent choisir »
(p 420). En fait, « dans les prétendues démocraties
occidentales , les électeurs n’ont pas le pouvoir effectif de déterminer
l’orientation des politiques publiques » (p. 429). Les élus ne
représentent pas les citoyens, souligne Généreux. C’est donc vers une
démocratie directe, ou participative, qu’il conviendrait d’avancer. La
critique économique : Pour dénoncer
l’imposture libérale, Généreux prône le retour du politique contre le
libéralisme qui dresse les individus les uns contre les autres, les rend
rivaux alors qu’ils devraient être associés. Il dénonce les lieux communs du
politiquement correct libre échangiste qui nous donne l’idée qu’il « vaut
mieux commercer que faire la
guerre » auxquels il répond par une approche empirique :
« c’est la société qui adoucie la violence du commerce et non l’inverse »
Sa dénonciation du mythe de la main
invisible du marché est pertinente. Il reprend la « Théorie des
sentiments moraux » dans laquelle Adam Smith, alors en quête de la vérité, choisit une
« méthode, qu’un pourrait dire pragmatique (… qui) consiste à faire
confiance aux tâtonnements de l’histoire humaine qui feront peu à peu
triompher le bien du mal » Il en conclut donc que selon Smith, « la
main invisible n’est pas celle du marché, c’est la main de Dieu
(p.320) ». La
critique écologique :
L’écologie, on le sait, s’est invitée dans le débat public. Il faut sauver la
planète ! Tout le monde est d’accord là-dessus, mais le débat entre les
néolibéraux et les autres hésite sur les moyens : « les uns croient
à des solutions de marché (du droit à
polluer), les autres prônent une intervention plus autoritaire des
Etats » mais « tous restent convaincus qu’aucun progrès de
l’harmonie sociale n’est possible sans
croissance de la production et de la consommation ». Il dénonce alors le
« développement durable », nouveau consensus qui permet « de
perpétuer l’idéal de développement économique, objet de projet de
civilisation pour les modernes ». Reprenant l’idée de la décroissance,
nouvelle spiritualité des écologistes radicaux, Généreux souligne que l’idée de la croissance économique n’est
pas universellement partagée. « Il est des paysans pauvres qui refusent
une vache gratuite – susceptible d’améliorer sensiblement leur pouvoir
d’achat – au motif qu’avec une vache supplémentaire ils n’auraient plus le
temps de contempler tranquillement le coucher de soleil. Des sociétés
primitives ont perduré jusqu’à nos jours sans jamais ressentir le besoin de
développer la production matérielle au-delà de ce qui est nécessaire à la vie
biologique » (p.183). Cette critique trouve cependant ses limites. Car enfin, si le
paysan pauvre refuse une vache gratuite qui lui permettrait d’améliorer son
ordinaire, si la société primitive refuse tout confort matériel, il est tout
aussi malséant de les tenter par les
luxes inutiles et par les progrès utiles de nos sociétés. Quelle supériorité
nous autorise ici à déterminer pour eux ce qui est bon ou mauvais ? Militer
pour la décroissance, cela affiche entre la rue saint Guillaume et le café de
Flore, mais laisse dubitatif dans les files d’attente des sociétés d’intérim.
Rappelons que seulement 2 % des agriculteurs dans le monde ont les moyens de
s’offrir un tracteur. Plus pertinent et généreux que la décroissance,
pourquoi ne pas parler de partage ? Idée obsolète ? Et si nous
parlions plutôt d’une économie mutualiste capable de créditer chacun de nous
d’un dividende de production qui limiterait l’accumulation des uns et la
nudité des autres. --------------------------------- [1] - La dissociété, Jacques Généreux, Seuil 2007. Nous
indiquons dans cet article le numéro
des pages citées de cette édition entre parenthèses. 2 - L’As de Trèfle n°66. 3 - Fragments diffusion n°50 juillet août 2001. 4 - La résilience
est un phénomène psychologique qui consiste « à vivre avec ». Ainsi
un traumatisé prend acte de son traumatisme pour ne plus vivre dans la dépression et s’en accommode. 5
- Cf. Les non-conformistes des années 30. Une trentative de renouvellement de
la pensée politique française, Jean-Louis Loubet del Bayle, Seuil, 1969
(Points, Seuil, 2001), Alexandre Marc et la Jeune Europe (1904-1934). L'Ordre
Nouveau aux origines du personnalisme, Christian Roy, Presses d'Europe, 1999.
6 - L’oubli ne peut être que volontaire, me
semble-t-il, puisqu’Emmanuel Mounier fut le fondateur de la revue
« Esprit » dans laquelle Généreux écrivit son appel de 001 (cf.
citation d’introduction). Il est vrai que Mounier appela d’abord le mouvement
des non-conformistes des années 30 qu’il animait « la jeune
droite ». Mouvement dans lequel
Bernard Henri Levy a vu plus récemment une forme sophistiquée de
fasciste. Notons par ailleurs, la revue Esprit contribua après la guerre à l’avènement d’une
« nouvelle gauche », puis dune « seconde gauche ». 7 - Cependant, en aucun cas, Généreux n’accuse la
religion. Il use d’ailleurs abondamment de la notion de bien commun (pp. 77,
104, 222, 237, 285, 393, 425, 439) et se définit comme respectueux des
religions. 8 - P.J. Proudhon, Idée générale de la révolution au
XIXe siècle (1851), pp. 267, 268. Janpier Dutrieux |
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[1] - La dissociété, Jacques Généreux, Seuil 2007. Nous
indiquons dans cet article le numéro des
pages citées de cette édition entre parenthèses.
[2] - L’As de Trèfle n°66.
[3] - Fragments diffusion n°50 juillet août 2001.
[4] - La résilience est un phénomène psychologique
qui consiste « à vivre avec ». Ainsi un traumatisé prend acte de son
traumatisme pour ne plus vivre dans la dépression et s’en accommode.
[5] - Cf. Les non-conformistes des années 30. Une
trentative de renouvellement de la pensée politique française, Jean-Louis Loubet del Bayle, Seuil, 1969 (Points,
Seuil, 2001), Alexandre Marc et la Jeune Europe (1904-1934). L'Ordre Nouveau
aux origines du personnalisme, Christian Roy, Presses d'Europe, 1999.
[6] - L’oubli ne peut être que volontaire, me semble-t-il,
puisqu’Emmanuel Mounier fut le fondateur de la revue « Esprit » dans
laquelle Généreux écrivit son appel de 001 (cf. citation d’introduction). Il
est vrai que Mounier appela d’abord le mouvement des non-conformistes des
années 30 qu’il animait « la jeune droite ». Mouvement dans
lequel Bernard Henri Levy a vu plus
récemment une forme sophistiquée de fasciste. Notons par ailleurs, la revue
Esprit contribua après la guerre à
l’avènement d’une « nouvelle gauche », puis dune « seconde
gauche ».
[7] - Cependant, en aucun cas, Généreux n’accuse la religion.
Il use d’ailleurs abondamment de la notion de bien commun (pp. 77, 104, 222,
237, 285, 393, 425, 439) et se définit comme respectueux des religions.
[8] - P.J. Proudhon, Idée générale de la révolution au XIXe siècle (1851), pp. 267, 268.