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54 – mars
2002 Les indices du développement et de la mondialisation Depuis que les Nations Unies ont adopté en 1990, l’indice de développement humain (IDH) du prix nobel d’économie 1999 Amartya Sen, de nombreux indices qualitatifs synthétiques sont apparus avec la volonté affirmée de limiter la suprématie de l’indice de quantification du PIB.. J’en présence quelques uns ici.
L’IDH, Indice de développement humain du Programme des Nations Unies
(CNUD) L’IDH est un indice synthétique qui mesure le niveau atteint par un pays en termes d’espérance de vie, d’instruction et de revenu réel corrigé 1. Selon le rapport mondial sur le développement humain, il classait en 2001, sur 162 pays recensés, 48 pays en développement humain élevé (1e Norvège, 2e Australie, 3e Canada, 4e Suède, 5e Belgique, 6e Etats-Unis, 9e Japon, 13e France, 34e Argentine, 41e Emirats arabes unis), 78 pays en développement humain moyen (51e Mexique, 55e Russie, 65e Liban, 87e Chine, 100e Algérie, 126e Congo) et 36 en faible développement humain (127e Pakistan, 150e Guinée, 153e Mali, 158e Ethiopie, 162e et dernier Sierra Léone). Ainsi, les classements selon l’IDH et selon le PIB par habitant peuvent donner des résultats très contrastés, « ce qui montre bien que la prospérité économique n’est pas un préalable au développement humain. Par rapport à l’année 2000, le Canada, malgré une hausse de 3,75 % de son PIB par habitant, a reculé dans le classement IDH. Les Etats Unis passent de la 3e à la 6e place malgré un score élevé sur la base du PIB par habitant, mais à cause des faibles niveaux d’instruction et d’espérance de vie. ‚
Le BIP 40, Baromètre des inégalités et de la pauvreté du Réseau d’alerte sur
les inégalités. En France, le Réseau d’Alerte sur les inégalités (RAI) 2 a mis au point un nouvel indice synthétique, le Baromètre des Inégalités et de la pauvreté ou BIP 40, afin de parodier le CAC 40 3. Le BIP 40 est un indice composite de plus de 50 séries indiciaires regroupées en six sous-ensembles : 1- travail et emploi (24 séries relatives aux évolutions du chômage, de la précarité, des conditions de travail, des relations professionnelles), 2- santé (5 séries), 3- revenus (16 séries relatives aux évolutions des salaires, de la pauvreté, des inégalités et de la fiscalité, de la consommation), 4- éducation (5 séries), justice (4 séries), 6- logement (5 séries). Dans l’indice global du BIP 40 (encadré ci-après), les deux sous-ensembles travail et emploi, et revenus (1 et 3) ont reçu un coefficient de pondération égal à 2, les autres sous-ensembles restent au coefficient 1. L’une des difficultés de réalisation du BIP 40 fut de rassembler ces séries statistiques sur 20 ans car la mesure des inégalités et de la pauvreté n’était, souvent, pas effectuée dans les différents domaines de pertinence cités. L’autre difficulté reste également de convaincre de l’objectivité de cet indice composite, notamment par rapport aux interprétations et aux pondérations des données. Par exemple, l’évolution en augmentation d’un sous-indice peut signifier une aggravation mais aussi une meilleure prise en compte du problème. De même, les critères de pondération des sous ensembles peuvent reposer sur des éléments dont l’objectivité est discutable. Notes sur les domaines
traités : Travail et emploi : En 1984, 16 % de salariés se plaignaient de rester longtemps dans une posture pénible, ils étaient 37 % en 1998 . L’interprétation est ici difficile. S’agit-il là d’une évolution des comportements ou d’une détérioration des conditions de travail ? Santé : La différence d’espérance de vie à la naissance entre cadres et ouvriers était de 4,8 ans en 1980, elle était de 6,5 en 1996. Les ménages prenaient directement en charge 15,2 % de leurs dépenses de santé en 1985, ils en prenaient 16 % en 2000. Revenus : Le resserrement de l’échelle des salaires commencé dans les années 1960 s’est arrêté. Le rapport interdécile entre les 10 % de salariés les mieux payés et les 10 % de salariés les moins payés, à temps plein, évolue depuis les années 1980 à 3,2 pour 1. Les travailleurs pauvres (dont le revenu du travail à temps plein ou partiel est inférieur au 2/3 du salaire médian à temps plein) représentaient 11% des salariés au début de la décennie 1980, puis 18,4 % en 1995, et 16,6 % en 2001. Parallèlement, la part des revenus financiers dans le revenu des ménages qui s’élevait à 3,4 % en 1970 atteignait 10,3 % en 2001. 25 % des ménages ayant le niveau de vie le plus élevé perçoivent 8 fois plus de revenus du patrimoine et 5 fois plus de revenu d’activité que les 25 % des ménages ayant le niveau de vise le plus bas. La pauvreté monétaire (ménages dont les revenus sont inférieurs à la moitié du revenu médian), qui concerne depuis vingt ans plus de 7 % des ménages, touchait 4,2 millions de personnes en 1997. Elle est devenue jeune et urbaine. Education : Depuis 1995, la proportion des bacheliers ne progresse plus. 15 % de jeunes sortait en 1980 du système éducatif sans qualification, ils sont 8 % depuis quelques années. Justice : La population carcérale était de 0,87 pour 1000 en 1980, elle est grimpée à 1,16 /1000 en 1996 avant de retrouver son niveau de 1990 en 2001 avec 1/1000. Logement : Le budget logement couvrait 15,8 % des dépenses de consommation des ménages en 1970, 17,4 % en 1990 et 19,1 % en 2000. Si la hausse des loyers justifie cet accroissement du budget logement, la réduction des parts des autres postes budgétaires (cf. Fragmentelles intra : Consommation des ménages sur 40 ans) et l’amélioration des logements expliquent également cette croissance. La part des logements sans aucun confort (ni eau, ni WC intérieur) est passée de 15 % en 1984 à 2,4 % en 1996. Cependant, la part des logements à bas loyer dans l’ensemble du parc locatif est passée de 38 % en 1984 à 9 % en 1996. Enfin, le nombre de sans-domicile fixe (SDF) est estimée pour la première fois par l’INSEE, pour la France entière à 90.000 personnes. Soit la population de 3 villes moyennes ! ƒ
Les 3 indices de Globeco : de la mondialisation, du bonheur mondial et
de la fracture sociale mondiale. Globeco est une revue trimestrielle fondée en 1995, dirigée par Pierre Le Roy qui a pour objectif de fournir des éléments de réflexion à tous ceux qui s’intéressent à la mondialisation, qui veulent la comprendre, et « qui veulent échapper aux a priori idéologiques pour y substituer des analyses et des synthèses fondées sur la réalité des chiffres » 4. En mars 2001, il publia son numéro 21 consacré à l’indice du bonheur mondial. Il continue en 2002 sur sa lancée avec 3 indices. Ces 3 indices sont composites, ils n’ont reçu aucune pondération. Par contre, l’auteur est sans cesse à la recherche de perfectionnement et de complément qualitatif. I- L’indice de la mondialisation. Cet indice regroupe 6 éléments indiciaires 5: 1.1- les exportations des biens et des services rapportées au volume du commerce mondial, selon les données de l’OMC, s’élevaient à 23,3 % en 1998 et à 27 % en 1999, soit un indice de 118, 88 en 1999 pour une base 100 en 1998. 1.2- les voyages aériens internationaux rapportés à l’ensemble des voyages aériens s’élevaient à 31,16 % en 2000 et à 32,66 % en 2001, soit un indice de 104,81 en 2001 pour une base 100 en 2000. 1.3- les investissements directs à l’étranger rapportés à la Formation brute du capital s’élevaient à 7,1 % en 1998 et à 10,2 % en 1999, soit un indice 143,66 en 1999, base 100 en 1998. 1.4- le Chiffre d’affaires des 100 premières entreprises mondiales rapporté au PIB mondial s’élevait à 20,75 % en 1999 et à 21,87 % en 2000, soit un indice de 105,40 en 2000, base 100 en 1999. 1.5- le nombre de pays adhérents à l’OMC rapporté aux nombre de pays membres de l’ONU s’élevait à 73,30 % en 2000 et à 74,87 % en 2001, soit un indice de 102,14 en 2001, indice 100 en 2000. 1.6- le nombre d’usagers d’Internet sur 10.000 habitants s’élevait à 408,09 en 1999 et à 608,62 en 2000, soit un indice de 149,14 en 2000, base 100 en 1999. Ø
Pour un niveau 100 lors de l’année initiale, les 6 niveaux retenus (115,88 +
104,81 + 143,66 + 105,40 + 102,14 + 149,14/ 6 x 100) conduisent à établir un indice moyen 2001 de la mondialisation de
120,17 pour une base 100 en 2000 6. 2- L’Indice du Bonheur mondial. Pierre Le Roy a bâti cet indice autour de 40 éléments classés en 4 catégories 5. 2.A- La paix et la sécurité : 110,75 en 2001, base 100 en 2000, composé des indices de menace nucléaire (103,25), de dépenses militaires (98,84), du commerce international des armes (126,47), du nombre de victimes des conflits armés (157,45), de la criminalité internationale (103,48), de la violence quotidienne (98,84), des victimes des accidents de la route (101,3), des réfugiés et personnes placées sous la responsabilité du Haut commissariat aux réfugiés (103,57), des victimes de catastrophes naturelles et technologiques (110,2), des traités internationaux et de la prévention des conflits (104,18). 2.B- La liberté, la démocratie et les droits de l’homme : 101,75 en 2001, base 100 en 2000, composé des indices des habitants de pays libres (101,74), des pays libres (102,18), du travail des enfants et de l’esclavage moderne (100) 7, de la liberté de la presse (84,31), de l’abolition de la peine de mort (120,43), du droit des femmes, indicateur sexospécifique du développement humain (96,32), de l’indicateur de participation des femmes (106,94), du taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans -TMM 5 (104,76), du droit des enfants : l’école ((101,56), des traités internationaux de protection des droits de l’homme et des travailleurs (99,29). 2.C- La qualité de la vie : 101,74 en 2001, base 100 en 2000, composé des indices du PIB mondial par tête (106,96), des disparités entre le milliard de riches et le milliard de pauvres dans le PIB mondial (91,33), de l’espérance de vie à la naissance (99,70), de l'indicateur de la pauvreté humaine (107,34), du coefficient de GINI-inégalités à l’intérieur des pays (99,92), des suicides (110,03), du taux de CO2 (104,88), des ressources en eau (98,75), des surfaces forestières (98,5) et de la pratique du sport (100) 7. 2.D- L’intelligence et la culture : 102,42 en 2001, base 100 en 2000, composé des indices de la recherche (100), du niveau d’instruction (100) 7, des disparités de niveau d’instruction (84,20), du nombre de journaux (98,24), des radios et de la télévision (103,46), des autres moyens d’information et de communication (122,75), de la fracture sociale entre le milliard de riches et le milliard de pauvres en information et communication (115,69), de la publication de livres (100,70), de la production de films (93,04), des voyages touristiques internationaux (106,14). Ø
Pour un niveau 100 lors de l’année initiale, les niveaux des 4 groupes
retenus (110,75 + 101,75 + 101,74 + 102,42/4 x 100) conduisent à établir un indice moyen 2001 du Bonheur mondial de 104,16 pour une base 100 en 2000. 3- L’indice de la fracture mondiale. Ce 3e indice composite est construit autour de 9 évaluations des disparités mondiales. Les calculs consistent à déterminer le niveau moyen du milliard de riches par rapport au niveau moyen du milliard de pauvres dans les domaines considérés, puis de diviser le dernier rapport connu par l’avant dernier afin d’obtenir l’indice courant. L’indice de la fracture sociale 2001 s’établit à 102,96, base 100 en 2000, soit une aggravation de 2,96 %. Il est composé des indices de PIB par tête (110,02), de la recherche-développement (96 ,00), de l’espérance de vie à la naissance (124,64), du taux de scolarisation des jeunes (102,13), du taux d’alphabétisation des adultes (98,82), de la consommation de calories (98,50), du TMM 5 (134,73), de l’Indice Synthétique du Développement Humain ISDH (101,46), de la fracture digitale (84,31), de la fracture culturelle (79,00). Ø
Pour un niveau 100 lors de l’année initiale, les 10 niveaux retenus (110,2 +
96,00 + 124,64 + 102 ,13 + 98,82 + 98,50 + 134,73 + 101,46 + 84,31 +
79,00/10 x 100) conduisent à établir un indice
moyen 2001 de la fracture sociale de 102,96 pour une base 100 en 2000. En résumé, pour une base indiciaire de 100 en 200, nous obtenons en
2001 : Indice de mondialisation : 120,17 Indice du Bonheur mondial : 104,16 Indice de la fracture sociale :
102,96. Pierre Le Roy commente ces données avec 6 bonnes et 6 mauvaises nouvelles : Sur un an, six bonnes nouvelles : diminution des conflits et du commerce des armes, des exécutions capitales, du nombre des suicides, et augmentation du niveau de la liberté et de la démocratie, de la diffusion des nouvelles technologies, et résorption de la fracture digitale et culturelle. Mais aussi six mauvaises nouvelles : augmentation de la concentration des entreprises : les 100 premières entreprises mondiales couvriront, au rythme de progression actuel, 30 % du PIB mondial en 2010, 40 % en 2020 et 50 % en 2030 ; la liberté de la presse se dégrade, la moyenne mondiale de l’espérance de vie à la naissance diminue, la fracture mondiale en matière d’espérance de vie, de PIB par tête et de mortalité des enfants se creuse. Janpier Dutrieux ----------------------------------------------- 1-
La cahier n°15 de Fragments Dif. lui fut consacré. 2-
Le Réseau d’Alerte contre les inégalités regroupe notamment des associations
militantes (DAL, AC) et des chercheurs. Il a notamment milité pour la
reconstitution du CERC. 3-
Pour en savoir plus : Alternatives économiques n°202, avril 2002, www.cerc-association.org 4-
Pierre Le Roy se définit à la fois
comme fils de paysan, pauvre et breton, et énarque. Il dirige aujourd’hui le
Centre de recherche prospective sur l'agriculture et l'alimentation
mondiales. Pierre Le Roy - Globeco 3, place de la Montagne du Goulet 75015
Paris, et www.globeco.fr. 5-
Les données utilisées pour l’établissement des indices sont celles des
dernières années connues, l’avant dernière année porte l’indice de base 100.
Il s’agit des dernières statistiques connues dont la publication est
intervenue en 2001. 6-
Sources : 1.1 - PNUD, 1.2 - OACI (Organisation de l’aviation civile
internationale), 1.3 - Banque mondiale, 1.4- Fortune, 1.5- OMC, 1.6- UIT (Union
internationale de télécommunication). 7-
P. Le Roy n’a pas encore trouvé de critère pertinent ou les nouvelles données
ne sont pas encore éditées. Le capital financier d’hier et
d’aujourd’hui De nombreuses analyses ont suivi la faillite du courtier en énergie américain Enron. Elles dénoncent notamment l’absence de transparence et les insuffisances de la gouvernance d’entreprise mais ne proposent aucune réforme de fonds, à l’exception de celle de Pierre-Henri Leroy, gérant de Proxinvest. P. H. Leroy dénonce, avec la faillite d’Enron, mais aussi les krachs de Continental Bank, du Crédit Lyonnais et de LTCM, « le soutien grégaire prolongé de la communauté financière au service des grands émetteurs, et l’accumulation des crédits bancaires mis généreusement par le mêmes banques au service d’un empiétement des produits dérivés optionnels ou de titrisation. » Ceci résulte, souligne-t-il, « de la confusion croissante entre deux types de métiers autrefois incompatibles : les métiers d'allocation et d'échange de fonds propres, le courtage en actions et la banque d’affaires, métiers dangereux mais profitables, et les métiers de collecte de dépôts et d’allocation de crédit, protégés et contrôlés par les banques centrales. » Mais le concept de banque universelle qui réunit les deux métiers a progressivement triomphé, du fait des intérêts des banquiers de crédit attirés par les marges des banques d’affaires. On a ainsi offert sans le dire la garantie des contribuables aux spéculations pour compte propres des banques. La Banque universelle se développa tout d’abord en Allemagne après la
seconde guerre mondiale. Elle peut se livrer à 9 types d’opérations :
prise de fonds en pension, crédit, escompte, opérations sur titres,
conservation de titres en dépôts, placement de fonds, obligations, garantie
et virement. Elle est aujourd’hui devenue le modèle bancaire européen. En France,
la loi bancaire du 24 janvier 1984 donne une définition très large de la
notion d’ « établissement de crédit ». Le caractère
d’universalité est défini dans l’Arrêté du 30 septembre 1991 comme la
possibilité pour un établissement de
crédit d’offrir tous les services bancaires à l’ensemble de la clientèle (JO
du 11/10/1991). Ceci suppose un
faible degré de cloisonnement des réseaux bancaires et une vive concurrence
entre banques qui leur permet les activités de marchés et de titres,
exception faite pour la négociation de valeurs mobilières cotées. Toutefois,
un niveau de capital minimum obligatoire a été fixé pour chaque
établissement. La loi de 1984 impose aussi un contrôle de la solvabilité par
division des risques et l’obligation d’une couverture des risques en
instaurant un coefficient de fonds propres et de ressources permanentes. A l’inverse, P.H. Leroy se prononce pour une séparation des métiers de banque de crédit et de banques d’affaires. Il déplore que les politiques n’aient pas su résister à la pression des milieux d’affaires et que Bill Clinton ait donné le coup de grâce en 1999 au Banking Act de 1933 et surtout au Glass Steagall Act, qui interdisait aux banques d’avoir à la fois une activité de prêteur et une activité qui implique de détenir des titres d’une entreprise que l’on conseille. Le Glass Steagall Act 1 1- Après la crise 1929, il fallut injecter des liquidités, mais les
émissions de crédit avaient des limites car la monnaie était légalement gagée
pour 45 % en or et le reste en effets privés. Aussi, l’achat de titres
publics sur le marché monétaire par la FED en contrepartie de création
monétaire finit par menacer la couverture du dollar. Sous l’impulsion du
sénateur Glass qui estimait que les banques ne devaient pas « se
mêler des hasards de la Bourse », et du sénateur Steagall qui voulait
protéger les petits banquiers, le Glass Steagall Act de 1932 fut instauré. Ce
texte modifia les exigences de couverture de la monnaie en autorisant les
effets publics à venir compléter, comme le faisaient déjà les effets de
commerce, les réserves d’or. Cette loi permit d’engager des
fonds fédéraux à hauteur de 500 millions de dollars pour relancer l’économie,
mais elle fut critiquée, car contraire aux principes de la non intervention
publique sur le marché. 2 - Avant 1933, les banques américaines pouvaient s’engager dans des
activités commerciales, et inversement pour les commerces. La structure
bancaire d’alors était une Compagnie Holding bancaire (CHB) qui proposait
également des assurances vie, automobile, immobilière. La crise de 1929 avait
cependant révélé les risques de contagion de cette structure. Aussi, le Glass
Steagall Act cloisonna les établissements financiers qui eurent à choisir
entre banques de dépôt et banques d’investissement, dans le but de limiter
les risques en cas de crise financière d’un ou plusieurs établissements,
d’éviter les conglomérats entre banques et sociétés commerciales, et de
réduire leur influence politique. En contrepartie, le gouvernement
américain garantit les pertes en
dépôts lors des banqueroutes bancaires. Puis, en 1956, le Bank Holding Company act (loi sur les CHB) interdit
aux banques d’entrer dans des activités qui n’étaient pas « assez
strictement liées aux activités purement bancaires, de gestion et de contrôle
des banques au point d’en être vraiment secondaires ». Ces deux textes de 1933 et 1956 interdisaient aux compagnies
d’assurance ou industrielles d’être actionnaires des banques, et aux banques
d’inscrire à leur bilan des actifs
cotés au prix du marché. Le Japon suivit cet exemple. Mais ces règles furent abrogées
en 1999 au prétexte que, bien qu’assouplies, elles ne permettaient pas, à
l’heure de la mondialisation, aux établissements financiers américains de
diversifier leurs offres de produits,
alors que le statut de banque universelle est reconnu dans de nombreux
pays. Depuis cette abrogation, les banques américaines peuvent librement
fusionner et se concentrer alors que les maisons de titres peuvent acheter
des banques et des compagnies d’assurance. Les dangers d’une coalition des banques secondaires, établissements émetteurs de crédit bancaire, et des sociétés industrielles et commerciales, avaient déjà été dénoncés, au début du XXe siècle, par Rudolf Hilferding 2. Rudolf Hilferding avait constaté que la monnaie, dégagée de sa contrepartie d’or, reposait davantage sur le pouvoir d’émission du crédit des banques qui, progressivement, pouvaient devenir propriétaires de tout l’appareil productif. La fusion entre le capital bancaire et le capital industriel donnait alors naissance au capital financier. Celui ci permettait à la banque d’investir de plus en plus dans l’industrie, et de devenir un capitaliste industriel. Le capital financier se constitue grâce au pouvoir
de création de monnaie de crédit des banques secondaires. Avec cette monnaie,
les banques acquièrent de nombreuses entreprises et contrôlent de larges
secteurs stratégiques. Hilferding dénonçait par conséquent ces conglomérats
bancaires et industriels, dont la concentration capitalistique faussait les
mécanismes de formation des prix, et qui, par expansionnisme économique,
menaient à l’impérialisme politique. Il estimait que ces conglomérats
pouvaient inciter les entreprises contrôlées à utiliser une main d’œuvre
docile, à aller la chercher dans les campagnes et les colonies en poussant
les pays européens à devenir, à ce titre, impérialistes. Bien que le cadre
institutionnel ne soit plus le même, l’analyse reste toujours pertinente. ------------------------- 1-
cf. également Fragments Diff. n° 40 2-
Rudolf Hilferding (1877-1941), ministre des finances social-démocrate
allemand (1923, 1928), exécuté par la Gestapo. Référence du courant
austro-marxiste avec son ouvrage « Le capital financier (1910).
Fragmentelles § Consommation des ménages sur 40 ans- Entre 1960 et 2000, la dépense de consommation des ménages a été multipliée par 3,5 en volume. Toutefois, dans le même temps, la population se multiplia par 1,3 (30 % d’augmentation). Aussi, la dépense de consommation par personne a augmenté de 2,7 en 40 ans. La structure de la consommation a également sensiblement évolué depuis 40 ans. Pour le poste le plus important, l’alimentation a cédé la place au logement depuis 1970 environ. Les dépenses financées par les pouvoirs publics (qui n’apparaissent pas dans le tableau) essentiellement de santé et d’éducation, ont presque doublé, passant de 12 % à 21 % de la consommation effective des ménages 1 de 1960 à 2000. Les dépenses de produits de technologie, information et communication (TIC) ont augmenté en moyenne de 11,6 % en volume annuel. Depuis 40 ans, la consommation de produits de santé augmente plus vite que l’ensemble de toute la consommation, avec une moyenne de 6 ,2 % l’an. Les 3/4 de cette consommation sont pris en charge par la Sécurité sociale. Cette part de consommation des ménages passe de 6 % de la consommation finale en 1960 à 13 % en 2000.
1- Institutions Sans But
Lucratif au Service des ménages 2- Administrations Publiques source Insee février 2002 ------------------------- 1-
La consommation effective couvre les dépenses
que les ménages supportent réellement et celles qui sont supportées
par les administrations publiques dont la sécurité sociale. § Salaires moyens, mensuels et horaires - Le salaire moyen à temps complet s’élevait à 2140 euros (14050 frs) en brut, et à 1700 euros (11170 frs) en net, en 2000, dans le secteur privé et semi public. Avec la mise en place des 35 heures, les salaires horaires ont augmenté plus vite que les salaires mensuels entre 1998 et 2000. Les salaires horaires moyens en temps partiel sont moins élevés que ceux à temps complet, soit 11,1 euros (72,5 frs) contre 13,4 euros (87,6 frs), en raison du nombre moins élevé des cadres parmi eux. En 2000, les prélèvements salariaux à la source sur les salaires bruts se sont accrus, ils représentaient 20,5 % de ce salaire contre 20,4 % en 1999. L’augmentation de la part des cadres et des professions intermédiaires au sein des salariés à temps complet contribue, par effet de structure, à l’augmentation du salaire moyen, estimé à 0,6 % en réel entre 1999 et 2000. Par contre, corrigé de cet effet, l’augmentation n’est plus que de 0,1 %. Le salaire moyen mensuel net d’un cadre en 2000 dans le secteur privé et semi public s’élevait à 3280 euros (21520 frs) contre 1250 euros (8180 frs) pour un ouvrier, proche de l’employé, soit un rapport de 2,6 à 2,7 qui reste stable depuis plusieurs années. Par contre, en 2000, 10 % des salariés (1e décile) à temps complet avaient un salaire annuel net inférieur à 10410 euros (68290 frs) et 10 % supérieur à 32250 euros (211550 frs), soit un rapport de 3,1 à 1. (sources : Insee, selon DADS). § En 2002, une commune sur deux n’a plus aucun commerce de proximité - Depuis 30 ans le commerce français s’est profondément transformé, bouleversant les tissus urbains.. Le secteur du petit commerce, très hétérogène, compte cependant encore beaucoup d’entreprises, allant de la simple boutique indépendante, à la multinationale. Il offre 25 % des emplois du commerce de détail. En 30 ans, la logique de distribution s’est modifiée pour installer des hypermarchés en périphérie des villes. Le commerce rationalisa ses méthodes pour rester concurrentiel, et s’adapter à une production de plus en plus massive. Les conséquences de ces mutations ne furent pas toujours heureuses pour l’aménagement du territoire. Hier, des commerces de petite taille étaient répartis sur l’ensemble des communes, elles sont 18.000 à ne plus en disposer à présent, mais la plupart de ces communes disposent de commerces itinérants comme palliatif. Dans les grandes villes, les petits commerces jouent souvent un rôle de dépannage, ou profitent du voisinage d’une grande surface pour accroître leur clientèle. Certaines catégories de petits commerces résistent cependant mieux que d’autres à l’évolution des réseaux distributifs, il s’agit notamment des pharmacies et des commerces de fleurs qui se développent encore, alors qu’inversement les petits commerces alimentaires déclinent. Le tableau joint ici illustre cette évolution relativement au nombre d’entreprises et au nombre d’emplois. Quoiqu’il en soit, le petit commerce attire toujours des entrepreneurs. 48.000 petits commerces d’au moins deux salariés furent créés en 2000, mais le nombre de créations reste inférieur au nombre de cessations, provoquées notamment par défaillance. Au total, le petit commerce emploie deux millions de personnes dont seulement 13 % de salariés, employés à temps partiel. Il en employait six fois plus il y a trente ans. § Eclatement de bulles - Les bénéfices des 25 premiers groupes industriels et de services français qui atteignaient 25,9 milliards d’euros en 2000 se sont réduits à 0,940 milliards d’euros en 2001. Cette différence s’explique par les milliards d’euros de provisions et d’amortissements exceptionnels que les firmes ont constitués pour restituer les pertes consécutives aux fusions et acquisitions trop cher payées et à l’éclatement des bulles spéculatives (15,6 milliards d’euros de provisions exceptionnelles pour Vivendi Universal). Depuis 5 ans, plus de 750 sociétés cotées aux Etats-Unis ont dû réviser en baisse des résultats déjà publiés. Les salariés de groupes comme Lucent, Waste Management ou Xeros ont vu la valeur de leurs fonds de pension divisée par trois après la dégringolade des actions de leurs entreprises. En 2001, les fusions et les expansions ne se sont pas toujours révélées pertinentes.
§ La France exporte 4 fois plus de capitaux qu’elle n’en importe. Une étude de la Direction des Relations Economiques Extérieures (DREE) du ministère de l’économie (1e trimestre 2002) révèle que : 1. L’investissement direct dans les pays tiers est devenu un facteur majeur de la mondialisation économique. Pour la France, les investissements français se font pour 60,3 % dans l’Union européenne et pour 32,7 % en Amérique du Nord. 2. La France exporte 4 fois plus de capitaux qu’elle n’en importe. Entre 1996 et 2000, l’écart entre flux sortants et flux entrants est passé de 6,6 mds. d’euros à 139,3 mds. d’euros. Pour l’essentiel, les 3/4, les flux sortants sont cons-titués d’apports en capital des sociétés lors de leurs opérations de fusions -acquisitions. Reste à distinguer exportation et fuite de capitaux, ou encore course au moins disant fiscal ! §
J.E. Stiglitz et la mondialisation - Le prix nobel d’économie 2001
Joseph E. Stiglitz, ancien chef économiste à la Banque mondiale, écrit dans « La Grande
désillusion » (Fayard, avril 2000) un long réquisitoire contre le FMI et
doute de la bonne allocation des ressources générée par la mondialisation.
Extraits : « En Côte d’Ivoire, le service téléphonique a été
privatisé, comme c’est si souvent le cas, avant la mise en place d’une
réglementation adéquate et d’un cadre juridique assurant la concurrence. La
firme française (France Télécom, ndlr), qui a acheté les actifs de l’Etat, a
persuadé le gouvernement de lui donner le nouveau secteur du téléphone
portable. Cette société privée a procédé à des hausses de tarifs d’une
ampleur telle que, par exemple, les étudiants du supérieur ne pouvaient
s’offrir la connexion à Internet, essentielle si l’on veut empêcher que
l’écart, déjà énorme, dans l’accès au monde numérique, entre les riches et
les pauvres ne s’accroisse encore davantage. » 53 – janvier
2002 Richesse
de la France et richesse des Français Deux récentes études de l’INSEE et de la Banque de France 1 sont consacrées à l’évolution de la richesse de la France et des Français. Toutes deux soulignent l’accroissement des actifs financiers par rapport aux autres éléments patrimoniaux et en soulignent la progression par les effets de la valorisation des actifs financiers. Définition du patrimoine : Les comptes
de patrimoine de la comptabilité nationale recensent les actifs et passifs
économiques sur lesquels des droits de propriété peuvent être exercés, qu’ils
soient non financiers (terres, infrastructures, équipements productifs,
actifs incorporels) ou financiers. Le capital humain et le capital écologique
n’apparaissent pas dans les comptes nationaux. Ils ne sont évalués que si des
informations statistiques et économiques les concernant existent, ce qui
n’est pas le cas du patrimoine en monuments historiques, par exemple. La valeur nette de dettes du « patrimoine national » est
constituée par l’actif non financier et le solde entre l’actif et le passif
financiers. Cependant, l’analyse de la valeur du patrimoine des secteurs
institutionnels diffère de cette définition. Si les ménages sont les
propriétaires ultimes de leur patrimoine, les sociétés sont considérées être
la propriété des agents qui détiennent le capital. La valeur des sociétés se fonde
sur l’écart entre la valeur de leurs actifs, déduction faite de leurs dettes,
et la valeur des actions qu’elle ont émises. La valeur nette négative des sociétés indique
par conséquent que le marché a survalorisé sa valeur actionnariale par
rapport à la valeur des autres actifs du bilan. Par ailleurs, il est
probable, souligne l’Insee, que les ménages sous valorisent leur patrimoine
par méconnaissance ou par méfiance. Par contre, la possession de l’or et
l’encours des prêts à court terme ne sont pas retenus dans le patrimoine des
ménages. 1 - Le
patrimoine national de la France. Le patrimoine national d’un pays se compose de
tous les actifs sur lesquels des droits de propriété peuvent être exercés,
soustraction faite des dettes. Ainsi, en France, fin 2000, les actifs
économiques dont financiers, s’élevaient à 19248 milliards d’euros, et les
passifs à 13256 milliards, soit un patrimoine net de 5992 mds. d’euros
(39.305 milliards de francs), ou 4,3 ans de PIB contre 4 fin 1995. Le patrimoine des ménages moyen par Français
s’élève, pour une population estimée à 61 millions, à 91655,73 euros (601.222 frs). Le patrimoine national moyen par Français, qui
incorpore le patrimoine de tous les secteurs institutionnels, s’élève, par
contre, à 98229,5 euros (644.344,26 francs). Au sein de ce patrimoine, les actifs non financiers s’élevaient à 5899 mds. d’euros et le patrimoine net détenu sur le reste du monde à 93 mds. d’euros. Le patrimoine non financier, c’est-à-dire les Actifs Non Financiers (ANF), est composé de 35 % de logements (y compris la valeur des terrains), 31 % d’actifs fixes productifs (machines, moyens de transport, infra-structures), 24 % de terrains, 6 % de structures et d’actifs incorporels (brevets, logiciels). Le patrimoine financier, c’est-à-dire le solde entre l’actif financier et le passif financier, est détenu sur le reste du monde. Il a doublé de 1995 à 2000, passant de 45 à 93 mds. d’euros. Il exprime les excédents des échanges extérieurs, notamment « la vigueur des achats de titres étrangers ». 2-
Les actifs dans les patrimoines. Les ménages : Le patrimoine des ménages constitue l’essentiel du patrimoine national : 93,30 % en 2000. En fin 2000, les ménages détenaient 6230 mds. d’euros d’actifs, soit 7 fois le Revenu Disponible Brut (RDB), en incluant les actifs des entrepreneurs individuels. La croissance des actifs non financiers fut de 124,92 % sur 5 ans alors que celle des actifs financiers atteignit 175,16 % (cf. tableau II). Le patrimoine non financier des ménages se composait en 2000 de 57 % de logements, de 26 % de terrains sous-jacents, soit 83 % de logements au sens large. Depuis 1995, les actifs financiers constituent plus de la moitié des avoirs des ménages. Leur patrimoine financier (actions et OPCVM) a augmenté de 18 % l’an de 1995-2000. En fait, ce sont les plus-values sur actions (62 % des plus values totales) qui accroissent la valeur des actifs financiers des ménages. La possession d’actions représentait 20 % de leurs actifs à long terme en 2000 contre 10 % en 1995 ; les contrats d’assurance-vie 12 % contre 10 % alors que les dépôts à vue et placement à vue (M2) des ménages ne couvrent plus que 13 % contre 16 % en 1995. Le passif du bilan des ménages a suivi la même progression que son actif, en augmentation de 174,17 % sur la période. Cette croissance traduit l’augmentation de l’encours des crédits des ménages qui fait monter leur taux d’endettement bancaire de 52,4 % du RDB en 1995 à 54,6 % en 2000. Les entreprises : Les actifs réels des sociétés non financières (SNF) représentaient 2020 mds. d’euros en 2000, leurs actifs financiers 3324 mds. d’euros, soit un rapport de 6/10 Leurs actifs réels étaient composés en 2000 de 65 % du capital productif (bâtiments, machines), 15 % de stocks, 15 % de terrains, et 6 % de brevets, fonds de commerce. Leurs actifs financiers ont augmenté de 16 % l’an sur ces 5 ans, de 27 % l’an pour les actions, conséquence des évolutions boursières. Le fait marquant depuis 1995 est la valorisation des actions qui accroît la valeur de leur passif financier puisque ces actions ne leur appartenant pas, elles s’interprètent comme des dettes. La valeur nette des SNF est ainsi devenue négative passant de + 645 mds. d’euros à - 472 mds. d’euros. Les sociétés financières : A contrario, la valeur des actifs des sociétés financières a doublé en 5 ans, conséquence des effets de valorisation boursière des actions dont elles sont détentrices. Les administrations publiques : Avec 1319 mds. d’euros, les administrations couvrent 7 % de l’ensemble des actifs nationaux bien qu’une grande partie du domaine public ne soit pas valorisé (monuments, œuvres d’art, rivages maritimes). En augmentation de 3,5 % l’an sur la période 1995-2000, les actifs des administrations sont composés pour 60 % d’actifs non financiers (infrastructures, notamment gérées par les administrations locales, bâtiments, terrains) et pour 40 % d’actifs financiers, dont 16 % d’actions (12 % en 1995) essentiellement détenues par l’Etat. Avec 1036 mds. d’euros, le passif financier des administrations atteint 1,99 fois son actif. Si la mise en place de la structure de défaisance du Crédit Lyonnais, en 1996, fit progresser la dette des administrations de 6 % l’an, cette progression est de 3 % l’an depuis 1997. La dette sous forme de crédit diminua de 28 % depuis 1995, mais les émissions de titres progressèrent de 47 % sur la même période. Cette modification du mode de financement des administrations résulte pour une grande part de la réforme financière des années 1985-86 qui favorisa le financement par recours aux marchés financiers et aux fonds propres au détriment de l’intermédiaire bancaire 2. Remarques : Enfin, soulignons, puisque l’INSEE ne le fait qu’implicitement, l’augmentation des écarts de développement des actifs et passifs financiers et des actifs non financiers. Le tableau ci dessous indique l’indice de progression de chaque agrégat patrimonial, après en avoir rappelé la valorisation, sur une base 100 en 1995. 3 - Le patrimoine des Français Les réflexions précédentes sur les évolutions respectives des actifs financiers et des actifs non financiers du Patrimoine national sur 5 ans s’inscrivent dans un mouvement plus ancien. Ainsi, le patrimoine brut des ménages qui était composé à 75 % d’actifs non financiers et à 25 % d’actifs financiers en 1978, était constitué de 50 % d’actifs financiers en 2000. Sur 25 ans, ce patrimoine est passé d’une valeur de 4 ans du revenu disponible brut (RDB) des ménages à 7 ans. Le patrimoine non financier des ménages égal à 3 ans de RDB reste stable sur l’ensemble de la période. Par contre, le patrimoine financier s’accroît régulièrement pour couvrir 50 % du patrimoine total en 2000 contre 33 % en 1978. Ces évolutions sont « fortement corrélées avec celles des indices boursiers » souligne la Banque de France. Comme pendant la même période, le taux d’épargne financière est très inférieur au taux d’épargne non financière (20 % de l’épargne totale en 1990), la croissance du patrimoine financier des ménages s’explique par un effet mécanique de hausse des actifs financiers détenus par les ménages consécutive aux valorisations des marchés, notamment boursier. Le taux d’épargne financière est constitué par le solde entre les flux de placements et ceux de l’endettement, mais comme l’endettement est souvent contracté pour financer des acquisitions immobilières, il est préférable de comparer le taux d’épargne non financière avec un taux de placements financiers. La part des actifs à long terme, non financiers (immobilier) et financiers (actions, assurance-vie), dans le patrimoine des ménages, passe, à partir de 1985, de 60 % à plus de 70 % en 2000. La part des actifs immobiliers décroît régulièrement alors qu’après 1985 le poids des actions passe de 6 % à 20 %, et que plus récemment la part des produits d’assurance-vie atteint 12 %. Nous retrouvons là les conséquences de la réforme du mode de financement précité de notre économie 2. 4- L’évolution du patrimoine
financier des ménages. La structure du patrimoine financier des ménages a sensiblement évolué sur 25 ans. Toutefois, avant de l’analyser, il convient d’identifier les deux causes qui ont modifié les parts respectives des actifs, d’une part, des flux de placements, d’autre part, les effets de valorisation. La part des actions dans le patrimoine financier est passé de 20 % à 33 % essentiellement par des effets de valorisation, alors que les parts des OPCVM 3, notamment en actions, éligibles au PEA (Plan Epargne en Actions), produit particulièrement apprécié, et des assurances-vie, ont augmenté par des flux de placement, au détriment des obligations et des liquidités 4 qui passent de 60 % en 1978 à 25 % en 2000. Il convient de souligner la prépondérance des actions non cotées détenues par les ménages, considérées en principe comme un investissement dans l’outil de production. Au sein des liquidités 4, les dépôts à vue restent relativement stables de 20 % à 25 %, les placements à vue (livrets d’épargne) qui couvraient 40 % jusqu’en 1988 tombent à 30 % comme les placements à terme qui passent de 22 % à 5 % de 1978 à 2000. Pourtant, bien que la part des valeurs mobilières s’accroÎt dans le patrimoine des ménages, sous l’effet des valorisations, la part des titres que les ménages détiennent dans l’ensemble de la capitalisation boursière diminue, qu’il s’agisse des actions, des obligations, des OPCVM monétaires ou en actions. Les valorisations actionnariales créent ici un effet d’optique trompeur. Le passif du patrimoine financier des ménages est constitué par le stock d’endettement. Sa progression est continue. Alors que pendant longtemps, le Français manifestait de la réticence à s’endetter, il semblerait que leur comportement rejoint aujourd’hui celui des ménages anglo-saxons. Par contre, la croissance de leur endettement est parallèle à l’accroissement de leur patrimoine. Les Français empruntent quand ils s’enrichissent, et n’hésitent plus à s’endetter pour investir, dans l’immobilier, certes, mais également en produits financiers. Ce comportement pro-cyclique favorise la récession en temps de stagnation et l’emballement boursier en temps de prospérité. Peut-on raisonnablement croire que le crédit a cette vocation ? Janpier
Dutrieux ---------------------------------- 1-
Le patrimoine national entre 1995 et 2000, Insee première, sept. 2001, n°
804, 25 ans de richesse des ménages, Bulletin n°97 de la Banque de France,
janv. 2002. 2-
. Selon J. Richard Hicks, nobel 1972, qui
distingua ces deux modes de financement, dans une économie
d’endettement, le financement de l’économie est assuré par recours au crédit
par l’intermédiation des établissements financiers, par contre, dans une
économie de marchés financiers, le financement de l’économie est directement
assuré par l’émission de titres sur le marché. 3-
OPCVM, Organismes de placement collectif de valeurs mobilières. 4
- En comptabilité nationale, les liquidités sont les placements et dépôts
effectués auprès d’un intermédiaire financier (dépôts à vue, placement à vue
et à terme, épargne contractuelle).
Ils ne sont donc pas forcement liquides, au sens courant du terme. Des inégales productions de richesse et
conditions de vie en Europe. En France, un PIB par habitant faible. Le volume de richesse produit par habitant en France est l’un des plus bas des pays de l’Union Européenne. Pour un indice moyen du PIB par habitant de 100 dans l’Union européenne, la France se classe 12e sur 15 en 2001 avec un indice de 99,6. Calculé par l’agence Eurostat, en fonction du PIB par habitant ajusté en fonction des standards de pouvoir d’achat, cet indice de richesse produite par habitant varie de 198,9 au Luxembourg à 70,9 en Grèce. Pourtant, selon Eurostat, en 1992, le France et l’Allemagne réunifiée affichaient un même indice de PIB par habitant de 108,8 pour une moyenne européenne de 100. L’Irlande, qui accueille les investissements américains et dont la protection sociale est largement financée par contributions publiques, affiche un indice 121,2 en 2001 contre 80 en 1990.
source : Eurostat En France, un PIB par emploi occupé élevé. Il convient cependant de relativiser ces données car la France a paradoxalement un PIB par personne occupée parmi les plus élevés du monde industrialisé. Pourquoi ce paradoxe ? Car en France, 61,7 % de la population de 15 à 64 ans seulement travaillent, contre 65,3 % en Allemagne et 71,2 % % au Royaume Uni. Ainsi, avec une main d’œuvre peu productive, le Royaume Uni se classe mieux que la France, la surévaluation de la livre sterling peut, il est vrai altérer ce classement. La pauvreté en conditions de vie. Les conditions de vie sont appréciées dans une approche du « bien-être matériel » et social autour de 17 critères d’évaluation répartis sur 3 domaines, relatifs au logement, aux biens durables et à la consommation. La technique d’évaluation retiendra comme élément de dépréciation les « privations élémentaires » en confort minimum, au logement… Au terme d’une étude de l’Insee (janvier 2002) effectuée sur un panel communautaire des ménages en 1997, il résulte que 46 % des ménages disposent des 17 éléments du « bien-être matériel ». Cette proportion s’échelonne de 14 % au Portugal à 60 % aux Pays Bas ; la France se situe à 45 %, au-dessus de la moyenne. Au final, 12 % des ménages de la zone euro étaient considérés comme « pauvres en conditions de vie », proportion variant de 6,8 % aux Pays Bas à plus de 16,4 % au Portugal, et 11,5 % en France. Cette pauvreté s’accompagne souvent, mais non systématiquement, de pauvreté monétaire. La pauvreté en termes de condition de vie se concentre dans les mêmes types de ménage - personnes isolées, familles monoparentales ou nombreuses. La part des ménages dont le revenu est principalement composé de revenus sociaux est 3 fois plus élevé que la moyenne. Par contre, cette approche par conditions de vie ne recouvre que partiellement celle des niveaux de vie. Ainsi les conditions de vie sont meilleures aux Pays Bas qu’en Allemagne alors que le niveau de vie est plus élevé en Allemagne qu’aux Pays Bas. Les conditions de vie sont proches en Irlande et en France alors que les niveaux de vie sont différents. Dans le domaine des privations, les plus fréquents concerne la consommation qui totalise 46 % des privations, l’impossibilité de partir en vacances pour 20 %, le manque de biens durables 31 % et les privations en matière de logement 23 %. Cette étude confirme également que les caractéristiques socio-culturelles et économiques des pays influencent l’accès des habitants aux différents critères du bien-être matériel, un parc immobilier ancien les pénalisera, certaines privations ne pèsent par ailleurs pas d’égale façon d’un pays à l’autre. Au total, la pauvreté en conditions de vie couvre 13 millions de ménages, soit 31 millions de personnes pour un taux de 11,5 %. La monnaie et l’Etat La monnaie a-t-elle besoin d’un Etat pour assurer sa fiabilité, ou, au contraire, l’Etat a-t-il besoin de la monnaie pour assurer sa continuité et finir son budget ? Nous connaissons les thèses en présence : 1- Pour les scolastiques, ce n’est que pour « garantir à la communauté la qualité de la monnaie qu’il fut accordé au prince, connu et d’une grande autorité, le droit exclusif de battre monnaie et interdit à quiconque de faire de la monnaie (N. Oresme, Traité des monnaies, 1355). 2- Pour les libéraux, « le monopole de la contrainte dont dispose l’Etat lui permet de détourner à son profit une activité économique qui est particulièrement lucrative, surtout si précisément, elle peut être instaurée en monopole, comme c’est le cas pour la création monétaire » (P. Salin, L’ordre monétaire mondial, 1982). 3- Pour l’école de la régulation, la monnaie, fondatrice de la société marchande, forme le ciment sociétal par excellence. Elle permet de faire dévier le désir mimétique de l’appropriation et d’en canaliser la violence. En ce sens, elle exprime la souveraineté du pouvoir social. (M. Aglietta, La monnaie souveraine). Plus récemment, les travaux de Georges Le Rider (La naissance de la monnaie, pratiques monétaires de l’Orient ancien, PUF 2001) permettent de retenir 2 approches. Le Rider rappelle que les rois mésopotamiens, dont Hammourabi, étaient propriétaires des terres de leur royaume et n’avaient par conséquent pas de problème fiscal à résoudre, alors que Crésus, roi de Lydie, bien que riche, fut confronté au problème de l’impôt et du financement du pouvoir public. Ainsi, dès Alyettés, prédécesseur de Crésus, la monnaie lydienne était poinçonnée afin de ne plus être anonyme et de rapporter au pouvoir public un avantage fiscal que nous appellerons plus tard le droit de seigneuriage. Pour démontrer cette thèse, il remarque que les premières monnaies n’étaient ni en or, ni en argent, bien que ces métaux ne manquaient pas, mais en « électrum » ou or blanc, composé des deux. Par contre, si la teneur en or de l’électrum naturel n’est jamais inférieur à 70 %, ces premières pièces en comportaient une valeur moindre, très précisément à 54 %. Ainsi, en mettant en circulation une monnaie dont la valeur nominale excédait la valeur réelle, le pouvoir public s’octroyait un revenu de seigneuriage. C’est de cette façon, conclut
D. Cohen, que « la monnaie d’Etat est dès l’origine, un faux monnayage
d’Etat » (Le Monde du 14/01/02). Je conclurai bien différemment en
remarquant que le développement de la propriété privée s’accompagne de celui
de la monnaie d’Etat, tandis que dans les Etats où la propriété privée
n’existait pas, les monnaies privées se développaient. Une monnaie publique
est l’un des corollaires du développement de la propriété privée. Fragmentelles § Coût du travail et salaire indirect - Selon les données macroéconomiques des Comptes nationaux, l’écart entre le coût du travail et le salaire net est, en moyenne, et indépendamment des différences observables d’un secteur d’activité à l’autre, de l’ordre de 51 % du salaire brut. Ce coût se répartit comme suit :
Cet écart alimenté par les cotisations salariales et patronales constitue le salaire différé ou indirect, il est redistribué vers d’autres agents ayant droits : malades, retraités, chômeurs. Selon Alain Euzeby (IEP Grenoble), des comparaisons européennes montrent que les pays où les cotisations employeurs sont hautes ont des salaires bruts faibles, et inversement. En France, les cotisations employeurs sont fortes, les salaires bruts sont bas. Inversement, au Danemark, les salaires bruts sont élevés, les cotisations employeurs sont faibles. Mais les cotisations sont financées par les impôts sur le revenu et sur la consommation. Pour Euzeby, une croissance de 1 % à 2 % l’an des salaires bruts et de la production suffirait pour augmenter le salaire indirect finançant les cotisations sociales sans atteindre le pouvoir d’achat du salaire net, ce qui permettrait de ne pas recourir aux fonds de pensions, coûteux et sensibles aux aléas économiques et qui ne profitent qu’aux personnes qui en ont les moyens. § Le Fonds de pension d’Enron - Enron, courtier américain mondial en énergie, déclaré en faillite depuis décembre 2001, s’est placé sous la protection de la justice en vertu de la législation américaine qui lui permet d’échapper provisoirement à la menace de ses créanciers le temps de réorganiser ses finances. La banque d’affaires UBS Warburg devrait reprendre ses activités. Cette faillite a fait disparaître l’épargne gérée par les fonds de retraite des employés qui furent empêchés de vendre leurs titres alors que leurs dirigeants le firent en empochant de confortables plus values. L’action d’Enron qui s’élevait à 90,56 $ en août 2000 chuta à 0,38 $ le 18 janvier 2002. Après cette déconfiture, une réflexion s’est engagée aux Etats-Unis sur la réforme de l’épargne retraite. Pour promouvoir l’épargne à long terme de ses salariés, Enron leur avait distribué des actions qu’ils avaient placés dans leur plan d’épargne personnelle, dit 401 K, bénéficiant de dégrèvements fiscaux. Or, ce mode d’épargne n’était pas protégé par le système prévu par l’administration américaine, et ne garantissait pas contre les risques de faillites de l’entreprise. Pourtant, ces plans 401 K canalisent l’épargne retraite d’un grand nombre de salariés. Cette épargne est constituée par les actions de leurs propres entreprises qui préfèrent dispenser ce type de capital retraite moins coûteux que de véritables fonds de pensions par entreprises ou branches. Cette faillite relance le débat de l’épargne salariale et des fonds de pension de retraite. Refusant apparemment la concurrence qui stimule ce type de placement à long terme, J. H. Lorenzi (C° Financ. Rothschild) suggère de s’inspirer et de généraliser en France le modèle de la Préfon, fonds de pension à contributions directes des fonctionnaires. Selon lui, la généralisation de ce système aurait l’avantage de proposer un seul fonds de retraite, au lieu d’une multitude de fonds privés, et comme tout système à prestations définies, conduirait à une gestion moins agressive des portefeuilles d’actions. Cependant, son ouverture à tous les agents représenterait une charge annuelle de 6,1 à 7,6 mds. d’euros pour le budget de l’Etat. § Un dividende exceptionnel : le culot d’émission - L’euro fiduciaire (manuel) mis en circulation le 1e janvier 2002 remplace les 12 monnaies nationales européennes éligibles. Ces monnaies pourront cependant être échangées contre des euros auprès des Banques centrales pendant plusieurs années, 10 ans en France. Au 24 janvier, une valeur de 213 milliards d’euros circulait dans l’Union européenne en billets euros, alors que celle des billets nationaux représentait encore l’équivalent de 116 milliards d’euros. Au terme de cette période de 10 ans, les pièces et billets en euros non retirés en contrepartie des pièces et billets nationaux constitueront un gain pour les Etats membres de l’Union européenne. En effet, comme dans le bilan de la Banque centrale, les billets et pièces constituent des créances, la valeur en euros des billets et pièces nationaux non échangés reviendra aux Etats propriétaires. En principe, en France, l’Etat doit attendre 10 ans avant de réclamer à la Banque de France ce gain nommé « culot d’émission », ou solde entre la valeur des coupures émises et la somme récupérée après démonétisation. Dans les faits, il peut demander une avance. Ainsi, le Projet de Loi de Finances 2002 prévoit 778 millions de recettes exceptionnelles au titre des « acomptes pour culot d’émission », dont 240 millions pour les billets, et 533 millions pour les pièces. Pour les 12 pays adhérents à l’euro, le gain total est estimé entre 35 et 40 milliards d’euros, soit environ l’équivalent de 10 % de la masse monétaire en circulation. Pourcentage variable selon les Etats en fonction de la propension des agents à conserver pièces et billets. § Systèmes d’échange locaux (SEL) - Le secrétariat d’Etat à l’économie solidaire préparerait un projet de loi relatif à l’encadrement de l’activité des SELs. Ce texte indique dans son article 11 que la réciprocité des échanges s’établit « sur la base d’une unité de compte affectée ne pouvant être assimilée ou convertie en monnaie ayant cours légal ». Il souligne dans son article 20 que les activités des SELs sont « compatibles avec la perception des minima sociaux et des indemnités de chômage. » L’article 37 précise que les avantages (en nature ou autres) qui résultent des activités développées au sein des SELs sont exclus des ressources servant au calcul du revenu minimum d’insertion ou des allocations chômage. » De nombreux SELs déplorent cette intention de « légiférer à tout prix pour encadrer ce qui n’est qu’une expérience marginale au risque de lui faire perdre son caractère expérimental et ses possibilités d’évolution », et d’éloigner les plus démunis des SELs. Ils regrettent également cette initiative de fin de législature « avec le risque de laisser le soin à un gouvernement totalement différent d’en définir le décret d’application. » § 15 % des fonds propres - La norme financière de rendement annuel égal à 15 % des fonds propres (ROE ou return on equity) suppose que pour un capital de 100, un bénéfice net de 15 soit dégagé. Si ces bénéfices sont réinvestis, la valeur du capital peut doubler en 15 ans. Ce dogme de rentabilité exigé des firmes par les gérants de capitaux (fonds de retraite, assurances) a accéléré les restructurations des entreprises et les concentrations. Malgré l’absence de fondement scientifique, cette exigence est néanmoins devenue la norme, soutenue il est vrai, par l’espoir d’une croissance rapide de la « nouvelle économie » et des secteurs de haute technologie. Avec le déclin des valeurs de ces secteurs technologiques, les instabilités des marchés financiers et boursiers pourraient remettre en cause la rigidité de ce dogme, puisque, raisonnablement, les entreprises ne peuvent durablement établir des bénéfices très largement plus élevés que la croissance du PIB. Cependant, même si cette norme devient flexible, cette exigence de rendement et de rentabilité s’est installée dans la logique économique de sorte qu’il est peu probable que les règles de gestion s’assouplissent § Rentabilité des entreprises en 2000 - Bien que ce seuil de 15 % de ROE ne soit plus aussi rigide, il fut largement dépassé en 2000 pour de nombreuses entreprises cotées au CAC 40, selon les analystes de BNP Paribas. Le secteur bancaire européen enregistra un ROE de 17,43 % dont Dexia (23,19 %), BNP Paribas (22,09 %), Crédit Lyonnais (19,94 %), Soc. Générale (16,45 %), Nataxis (10,56 %), CIC (12,90 %), le secteur automobile un ROE de 8,1 %, dont Peugeot (14,4 %), et Renault (10,9 %), le secteur d’équipement informatique de 21,5 %, mais devrait cependant chuter en 2001, le secteur des media avec M6 (50,9 %) et TF1 (39 %) se situe bien au dessus des media européens (11,3 %), Le ROE des autres secteurs
s’établit à 19,3 % pour le BTP, 16,9 % pour la Chimie, 22,4 % pour
l’agroalimentaire, 22,4 % pour la
distribution, 15,9 % pour la métallurgie et 29 % pour les produits de luxe.
Seuls, les services informatiques, l’électronique et l’équipement électrique,
les logiciels, l’acier, les opérateurs de télécommunications sont restés sous
la barre des 15 % en Europe. |