Développement
durable et indicateurs de richesse. On sait que la consommation dans le monde est
essentiellement portée par les pays industrialisés mais, en revanche, ce sont les pays pauvres, en développement ou
peu avancés, qui en supportent davantage les conséquences environnementales
des externalités produites par les modes de production, notamment à bas
coûts. A l’échelle d’un pays, ces conséquences affectent davantage les
populations pauvres qui ne peuvent s’en prémunir que les populations aisées.
La croissance de la consommation dont la finalité est de permettre de nourrir
l’humanité, et de concourir à son développement humain, dégrade
l’environnement et la cohésion par les abus et les exclusions qu’elle provoque.
Ces distorsions distributives enrichissent sans doute l’existence de quelques
uns mais produisent des externalités négatives qui affectent le bien-être du
reste du monde et engendrent des dégradations qui peuvent attaquer
l’empreinte écologique. Des catastrophes comme celles de la centrale
nucléaire de Tchernobyl dont les explosions de 1986 provoquèrent l’émission
d’un nuage radioactif, des marées noires occasionnées par les fuites des
navires Torrey Canyon en 1967 ou de Erika en 1999, de la déforestation des
pays d’Amérique Latine et des Caraïbes, sont ainsi de même nature que les
embouteillages citadins des grandes métropoles des pays industrialisés. Les
coûts sociaux de ces dégradations de l’environnement, qui ne sont guère
comptabilisés, sont estimés à plus de 4 % du PIB des Etats Européens. Le développement industriel, agricole peut engendrer
des pollutions immédiates ou différées comme les pluies acides, gaz à effet
de serre, contribuer à un changement climatique et dégrader la biosphère. Convaincues de l’irréversibilité de certaines
dégradations et de leur accélération, les organismes internationaux comme
nationaux, sous la pression de nombreuses ONG (Organisations non
gouvernementales) élaborèrent de nouveaux outils de développement garantissant
une meilleure gestion des ressources communes et une répartition plus
équitable des infrastructures et des services publics, comme par exemple le
développement durable, le développement humain. C’est
après 1968 qu’une association internationale, le Club de Rome, souligna les
liens entre la croissance économique et les environnements. La publication de
leur rapport « Halte à la croissance ou les limites de la
croissance », en 1972, (ou rapport Meadows du nom de deux de ses
membres) inspirera les idées de développement durable et de décroissance. · La notion de développement durable fut définie en
1987 dans le rapport de Gro Harlem Brundtland, alors premier ministre
norvégien, présidente de la Commission mondiale sur l’environnement et le
développement. Ce rapport le définit
comme « un développement qui
répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité
des générations futures à répondre aux leurs », et souligne notamment
« les besoins des plus démunis à qui il convient d’accorder la plus
grande priorité » et les « limitations que l’état de nos techniques
et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à
répondre aux besoins actuels et à venir ». Le
développement durable également appelé soutenable entend concilier et
harmoniser les trois aspects des activités humaines : économique, social
et environnemental. Il a fortement influencé les politiques économiques et
sociales de nombreux Etats depuis sa création. En France, le préambule de la
Constitution de la Ve République
rappelle l’attachement du peuple français à la charte de
l’environnement rédigée en 2004. C’est
à l’occasion du deuxième sommet de la terre à Rio de Janeiro, en 1992, que le
terme de développement durable sera définitivement adopté. En 2005, le
protocole de Kyoto et la politique de réduction des émissions de gaz à effets
de serre entraient en application. Très contraignant, ce protocole n’est
guère respecté.
· La décroissance ou a-croissance s’apparente
davantage à une idéologie qu’à une technique. Elle apparaît à la suite des
travaux de Nicholas Georgescu-Roegen dans les années 1970, que continue en France
Serge Latouche[1]. Il
s’agit d’une critique du productivisme tant capitaliste que socialiste qui
refuse le développement durable au prétexte qu’un effet rebond [2]
s’appliquera systématiquement dans l’hypothèse d’un développement. Il
convient alors d’initier un effet débond qui suppose l’acceptation d’un
modèle décroissant tant individuel que collectif. L’idée
économique de la décroissance postule que l’augmentation de la production
entraîne l’accroissement de la consommation d’énergie et de matières
premières, diminue la main d’œuvre et la remplace par des machines. Cette
thèse fut, rappelons le, dénoncée par de nombreux auteurs (Schumpeter,
Fourastié) qui soulignent que la disparition du secteur d’activité économique
génère par ailleurs de nouvelles activités économiques, voire de nouveaux
secteurs. On évoquera ici l’économie sociale et le Tiers-secteur. Le
concept de décroissance n’est certes
pas strictement formulé, il peut se limiter, dans une version modérée, à réduire la consommation des ressources
naturelles et énergétiques et à relativiser la pertinence des indicateurs
économiques, notamment le PIB, mais il peut fonder une nouvelle éthique de
vie dans une version plus radicale. C’est à cet égard qu’il est le plus
critiqué [3]. Ce n’est donc pas la croissance de la
consommation qui est critiquable d’un
point de vue économique et écologique mais sa qualité et sa
concentration. Les indicateurs alternatifs. Autour
de ces nouvelles approches des relations économiques, de multiples nouveaux
indicateurs alternatifs furent crées et vinrent se confronter aux indicateurs
économiques de production et de consommation. Citons ici quelques uns de ces
nombreux indices synthétiques. · L’indice du bien-être économique durable. Les
indicateurs alternatifs que l’on commença à opposer aux indices de production
furent inspirés par les travaux précurseurs de William Nordhaus et James
Tobin, en 1972, sur la mesure du bien-être[4],
élaborant un indice expérimental du bien-être économique durable (MEW ou
Mesure of economic welfare). Le MEW retranche de la production finale, les
dépenses de consommation qui ne contribuent pas au bien-être (coût des
trajets domicile-travail, frais financiers et juridiques), mais ajoute la
valeur estimée du temps libre, du temps d’utilité sociale, et consacré au
travail domestique, Il quantifie également les variations de stocks des
ressources naturelles ainsi que la santé et l’éducation. Ce calcul
controversé a, par ailleurs, souligné, de 1929 à 1965, une augmentation de
MEW très inférieure à celle du PNB américain. A la suite de cet indice, de nombreux autres
indicateurs alternatifs furent créés. Ils tendent à répondre aux exigences du
XXIe siècle. Ce sont souvent des indices synthétiques,.alternatifs
au PIB, qui tiennent compte des conditions sociales et environnementales, et
pondérent, voire corrigent la vision exclusivement quantitative des agrégats
économiques et du PIB [5].
Toutefois la quantification mesure des grandeurs objectives alors qu’une
approche qualitative relève d’une démarche subjective. Ils peuvent, à terme,
infléchir le regard porté sur l’économie. On remarquera que ces indicateurs
soulignent souvent que la progression du niveau de vie ne s’accompagne pas
d’une augmentation parallèle de la qualité de vie. considérée sous l’angle du
bien-être social, environnemental, et du développement humain. Pour autant,
il serait abusif d’en tirer des conclusions définitives. Nous emprunterons au
rapport sur les nouveaux indicateurs de richesse, rendu par Jean Gadrey et
F.J. Catrice pour la DARES en 2003 [6], un
relevé non exhaustif de ces indices. . · L‘indice du développement humain (IDH), précedemment
cité, conçu par Amartya Sen, permet de relativiser les analyses de
quantification économique du PIB ainsi que du PIB par habitant. D’autres
indices, synthétiques, dérivés de l’IDH, se sont développés comme l’indice de
pauvreté humaine (IPH), l’indice de participation des femmes à la vie
politique et économique (IPF). Ils proposent cependant une même grille de
lecture des caractères socio-culturels, qui, d’un pays à l’autre, d’une
civilisation à l’autre, d’une époque à l’autre, ne sont pas toujours
considérés et donc valorisés d’une égale façon Ainsi, donner la même valeur
relative à ces caractères sans tenir compte de la culture qui les soutient
pourrait s’interpréter comme du néo-colonialisme et de l’ingérence politique
dans les affaires d’autrui. · L’indice de santé sociale (ISS) fut conçu pour les
Etats-Unis par Marc et Marcque-Luisa
Miringoff. Cet indice synthétique, inspiré de l’IDH, pondère 16 indicateurs
de santé, de chômage, d’éducation, de pauvreté et d’inégalité, d’accidents et
de risques divers. Une valeur comprise entre 0 et 100 est attribuée à chacun
de ces indicateurs. Il devint célèbre en 1996 avec la publication par le
magasine Challenge d’un graphisme représentant les évolutions respectives de
cet indice, et du PIB de 1959 à 1995. L’indice de santé sociale régressait
durablement à partir de 1970 environ alors que le PIB continuait à croître.
En 1995, l’ISS n’atteignait que la motié de son niveau de 1959 alors que le PIB triplait le
sien : 3 fois plus de production mais 2 dois plus de malheureux.... Sur le
même modèle, le BIP 40 fut imaginé en France.
· L’indice du bien être économique et social, fut créé
en 1998 par les Canadiens Lars Osberg et Andrew Sharpe. Il se compose de 4
indicateurs synthétiques reposant sur les flux de consommation, les stocks de
capital, du point de vue économique, humain et environnemental, les
inégalités et la pauvreté économique, et l’insécurité économique liée au
chômage, à la maladie, à la vieillesse et aux conditions familiales. Cet
indice accorde davantage d’importance aux dimensions sociales et économiques
qu’aux questions environnementales. Cependant, son mode de construction permet
d’en nuancer les pondérations et de l’adapter à de nouvelles situations. Pour
des raisons de disponibiltés statistiques, il n’était pas utilisé en France
au début des années 2000, mais s’appliquait dans tous ls pays anglo-saxons et
scandinaves · L’indice du bien-être durable (IBED) fut créé à la
suite du rapport de Clifford Cobb et John Cobb dans les années 1990. Il
incorpore dans le calcul de la valeur de l’activité productive le coût de ses
externalités négatives, notamment les nuisances et dégats environnementaux.
Il comptabilise avec la consommation marchande des ménages différents éléments du mode de vie. Pour
calculer l’indice du bien-être durable (IBED), on retient la consommation
marchande des ménages à laquelle on ajoute la valeur du service du travail domestique, les dépenses
publiques non defensives, et la formation du capital productif, auxquels on
retranche les dépenses privées défensives, le coût des dépréciations de
l’environnement et la dépresion du
capital naturel. Le solde est ensuite pondéré avec le coefficient de Gini qui
mesure l’évolution des inégalités, et
valorisé par le différentiel entre la valeur monétaire des biens durables
consommés et celle des services rendus. A la différence du PIB, l’IBED
soustrait de son calcul le coût des nuisances provoquées par nos modes de vie
comme la pollution, les accidents, les dégâts sociaux et environnementaux. Il
donne ainsi une estimation monétaire à la réparation des dégâts et dommages
provoqués par la croissance économique et le mode de vie qu’elle exige, du
coût des dégradations de l’environnement et de la dépréciation du capital
productif regroupé dans les “dépenses privées défensives”. Autrement dit, aà
la différence du PIB qui n’enregistre dans son calcul que les valeurs
monétisées qui rentrent, l’IBED retient et retranche des valeurs qui sortent
ou sont détruites. On compte parmi ses valeurs la qualité de l’air, le nombre
des forêts, la qualité de pêche des eaux de rivière, les nuisances sonores,
comportementales, de voisinage, la qualité des rapports sociaux, les
accidents, dégâts et dommages sociaux ou naturels consécutifs au mode de
production utilisé. · L’indicateur du progrès véritable fut créé en 1994.
C’est un indice monétaire qui comptabilise la consommation des valeurs ajoutées
et retranche le coût des externalités sociales et environnonnementales
négatives. Il comptabilise notamment le coût de la pollution de l’eau, de
l’air, des dommages causés par le bruit, le trou de la couche d’ozone, la
déforestation, les crimes, les accidents de la route, les familles séparées,
le chômage, etc. Par exemple, calculé pour les Etats-Unis en 2000, il
s’élevait à 2630 milliards de dollars alors que le PIB américain s’élevait
alors à 5163 milliards de dollars. · L’indice du bonheur mondial fut créé par Pierre Le
Roy en 2001 et présenté dans la revue Globeco (ou site Globeco). Cet indice
regroupe 40 indicateurs classés en 4 catégories : la paix et la sécurité
– la liberté, la démocratie et les droits de l’homme – la qualité de la vie –
l’intelligence et la culture. Ces 40 indicateurs sont collectés auprès
d’Institutions internationales qui fournissent des statistiques annuelles
(PNUD, ONU, Banque mondiale…). Pour une base indiciaire de 100 en 2000, l’indice
moyen du bonheur mondial était, selon ces critères, de 102,48 en 2005. Pierre
Le Roy créa également l’indice de la mondialisation autour de 6 éléments
indiciaIres et l’indice de la fracture mondiale autour de 9 évaluations des
disparités mondiales [7]. · L’indice du bien-être des nations élaboré par Robert
Prescott-Allen en 2001 est un indicateur environnemental. Cet indice regroupe
36 indicateurs sociaux et économiques (relatifs à la santé, à l’éducation, à
la paix, aux libertés, à la production, aux libertés...) et 51 indicateurs
environnementaux (relatifs à la diversité et à la qualité des terres, à la
disponibilité en eau, à la pollution atmosphérique, à la diversité des
espèces vivantes, à la consommation de l’énergie...) [8].. · L’indicateur d’épargne véritable est publié par la
Banque mondiale. Il se compose des additions et des soustractions des
ressources non économiques, notamment environnementales, effectuées à partir
de l’épargne économique nette (c’est-à-dire hors amortissement). On retient
l’épargne nette à laquelle on ajoute
les dépenses d’éducation auxquelles on retranche les ressources énergétiques minérales, les forêts
utilisées et le coût des dommages liés aux émissions de CO2. Par exemple, selon cet indicateur, en 1991,
l’Arabie Saoudite présentait une désépargne équivalente à près de 42 % de son
PIB. Les exportations de ressources naturelles de certains pays du
Moyen-Orient, d’Afrique du nord et d’Afrique sub-saharienne expliquent aussi
leur niveau élevé de désépargne. Mais ces indicateurs composites qui associent et pondèrent des données
quantitatives et objectives à des éléments qualitatifs et subjectifs ne
peuvent prétendre être universellement reconnus. En revanche, l’empreinte
écologique et la biocapacité, indicateurs strictement environnementaux, ne
prennnent en compte et ne comparent que des quantités d’espaces nécessaires
au renouvellement des environnements naturels vitaux. Empreinte
écologique et biocapacité, comptabilité humaine et environnementale. · L’empreinte écologique est un indicateur
environnemental qui traduit la dépendance d’une population à un espace vital
en fonction de son mode de vie, c’est-à-dire la quantité des ressources
naturelles qu’elle doit utiliser pour le maintenir. Il calcule la surface
nécessaire pour produire les ressources consommées et pour absorber les
déchets produits : si la surface totale utilisée est supérieure à celle qui
peut être fournie, appelée biocapacité (ensemble des surfaces cultivées et
des forêts), il y a destruction et les comportements ne sont pas soutenables.
En 2005, l’empreinte écologique moyenne de la
population française était de 5,3
hectares par habitant, et de 3,7 hectares aux Etats-Unis, tandis qu’elle
n’excède pas 2 hectares pour les
populations d’Amérique latine, du Moyen-orient et Asie centrale,
d’Asie-Pacifique et d’Afrique. En 1960,
l’humanité consommait 0,7 planète de ressources renouvelables par
régénération naturelle. Elle en consommait 1,2 planète en 2005. Cinq
équivalents planète de ressources naturelles seraient nécessaires si
l’humanité adoptait le mode de vie des Américains et 3 si elle adoptait celui
des Européens. Il importe donc de réduire dans les modes de production et de
consommation futurs l’empreinte écologique de l’humanité et notamment des
populations les plus dépendantes. Le tableau suivant souligne l’évolution de
l’empreinte écologique en France de 1961 à 1999. Le déficit total observé
résulte de la différence entre la biocapacité totale du territoire français
et l’empreinte totale laissée par l’activité économique sur l’année
considérée. Il implique en conséquence que des biocapacités extérieures au
territoire français sont empruntées au reste du monde excédentaire et
dépensées pour maintenir le mode de vie français. Cet emprunt est effectué,
par définition, aux régions qui présentent encore des excédents en
biocapacité sur leur territoire, pays du sud, en développement ou peu
avancés.
1: Mhg = mullions d’hectares globaux Source : WWF- France On constate ici que le déficit total de la France a
doublé depuis 1961. En 1961, l’empreinte écologique de la France dépassait de
51 % sa bio capacité. Elle la dépassait de 89 % en 1999. Dans le même temps,
l’empreinte écologique par habitant s’est multipliée par 118 %. Plus
généralement, on sait que la planète pouvait, avec une population de 6,5
milliards d’individus, recycler 3,2 milliards de tonnes de carbone par an,
mais ce chiffre diminue avec la déforestation [10]. · La comptabilité humaine et environnementale. L’existence
d’indicateurs alternatifs permet de pondérer la vision trop quantitative et
marchande du PIB et des autres grands agrégats économiques, et d’orienter
qualitativement la croissance économique. Ils peuvent ainsi permettre aux
Institutions internationales et nationales d’utiliser des instruments de
taxes, de quotas, d’échanges de droits pour limiter l’usage, préserver et
assurer le renouvellement des biens communs, biens publics nationaux et
internationaux, comme la biodiversité ou le respect des droits de l’homme.
Cependant, faute de reconnaissance universelle, ces indicateurs alternatifs
n’ont qu’un pouvoir consultatif et ne fondent pas un nouvel ordre législatif
comptable. C’est l’objectif de la comptabilité humaine et environnementale.
Avec elle, il ne s’agirait plus de tempérer, voire corriger, ex post, le PIB
et les autres agrégats économiques du SECN, mais d’en modifier, ex ante, le
calcul. Ces agrégats de quantification reposent, en effet, sur les données
issues de la comptabilité générale des entreprises, avec, par exemple, les
déclarations annuelles des données sociales (DADS), également obligatoires
pour les administrations et les établissements publics. Ce sont donc les
normes comptables de ces Sources d’information qu’il conviendrait de modifier
pour apprécier et comparer de façon plus exhaustive les grandeurs et les
évolutions économiques. Il
existe, certes, plusieurs conceptions de la comptabilité d’entreprise, mais
leur standardisation au sein du système normalisé international ne considère
et ne valorise toujours que le capital financier. Ces modèles n’incorporent
pas dans leurs résultats la valeur des dégradations naturelles et humaines.
Ils sont donc incapables de mesurer les pertes en capital naturel et en
capital humain [11].
Jean Gadrey notait ainsi que “si les externalités
environnementales de la production et de la consommation étaient prises en
compte, non pas seulement à leur coût actuel, mais en estimant les risques
futurs qu’elles entraînent, qui sont des risques vitaux, le système mondial
des transports aériens, maritimes et routiers, s’effondrerait, et il
entraînerait dans sa chute bien d’autres secteurs, dont le tourisme mondial
et la grande distribution, ainsi que le commerce international des biens [12] ” On peut également souligner qu’en reprenant les
données de l’empreinte écologique, en 1999, la France, ayant dépassé ce droit
de tirage de 140 mhg, en aurait été redevable à d’autres Etats moins
dépendants. De même, en retenant comme indicateur l’épargne véritable, en
2000, les Etats-Unis auraient été redevables de 2533 milliards de dollars
(5163 milliards de dollars – 2630 milliards de dollars) au reste du monde
excédentaire. La comptabilité environnementale se présente ainsi
comme un instrument d’évaluation des coûts relatifs à l’environnement, et des
dépenses nécessaires pour maintenir le capital des ressources
naturelles. Elle permet de compléter
la comptabilité générale par la prise en compte des flux physiques et des
coûts que les entreprises peuvent
occasionner à des tiers dans leur processus écologique. Elle fournit des
informations sur l’état et les variations du patrimoine naturel, les dépenses
relatives à la prévention des dommages de l’environnement, à sa production et
à la réparation des dégâts causés. Préconisée par l’ONU, la Banque mondiale
et l’OCDE, elle cherche à corriger les insuffisances de la comptabilité
financière en enregistrant les actifs et les passifs environnementaux, au
même titre que les autres coûts. C’est également un instrument d’analyse
économique et d’information statistique qui permet de créer des budgets
publics environnementaux en complément des budgets publics économiques et
financiers, de susciter des comptes satellites, et à terme, de modifier le
contenu de la croissance économique. Janpier Dutrieux [1] - The entropy law and the economic process, Nicholas Georgescu-Roegen
1971, Le pari de la décroissance, Serge Latouche, Fayard 2006. [2] - Effet rebond : les avantages environnementaux tirés d’une production générant moins
d’effets nuisibles sont annulés par l’augmentation de sa consommation. Par
exemple, les automobiles de 2000
polluent moins que celles de 1970 mais elles sont plus nombreuses. [3] - « Il faut prendre la doctrine de la décroissance pour ce
qu’elle est (…). Une lubie de gosse de riches parfaitement égoïstes. Mais
cela va généralement ensemble ». Pierre-Antoine Delhommais (Le Monde du
30 juillet 2006). [4] - William Nordhaus et James Tobin, Is growth obsolete (La croissance
est-elle obsolète), article publié en
1972 (National bureau of economic research general n°96E, Comumbia University press, 1972. [5] - Des démarches analogues appréciant les relations sociales et
environnementales des entreprises sur les pratiques témoignent de cette
tendance éthique, avec notamment les agences de notation sociale et
environnementale qui viennent compléter les avis des agences de notation
financières. [6] - Jean Gadrey et Florence Jany Catrice : Les indicateurs de
richesse et de développement, rapport pour la DARES (Direction de
l’animantion, de la recherche, des études et des statistiques du Ministère du
travail), mars 2003. Les nouveaux indicateurs de richesse, La découverte,
Repères 2005. [7] - Pierre Le Roy, directeur de la revue et du site Globeco. [8] - Cet indice permit d’étudier la qualité de vie et de l’environnement
dans 180 pays dans le rapport de Prescott-Allen : Le bien-être des nations
(2001). [9] - L’empreinte écologique calcule les surfaces nécessitées pour la
consommation des ressources de l’agriculture, de la syviculture, de la pêche,
pour la construction d’habitations (terrains bâtis) et d’infrastructures, et
pour recycler les émissions de C02 produites et éliminer les déchets. Cette
empreinte est exprimée en hectares. [10] - Pour équilibrer l’empreinte écologique à la biocapacité, la
consommation annuelle en carbone autorisée, c’est-à-dire son droit de tirage
annuel, ne devrait pas dépasser 500 kilos par individu : la moitié de la
moyenne mondiale, le quart de la moyenne française et le douzième de la
moyenne américaine, en 2005. [11] - Thèse défendue par Jacques
Richard, Pour une révolution comptable
environnementale, Le Monde, 5 février 2008. [12]
- Jean Gadrey, Environnement et
croissance, Alternatives économiques, décembre 2005. |
[1] - The entropy law and the economic process, Nicholas
Georgescu-Roegen 1971, Le pari de la décroissance, Serge Latouche, Fayard 2006.
[2] - Effet rebond : les avantages
environnementaux tirés d’une production
générant moins d’effets nuisibles sont annulés par l’augmentation de sa
consommation. Par exemple, les automobiles
de 2000 polluent moins que celles de 1970 mais elles sont plus
nombreuses.
[3] - « Il faut prendre la doctrine de la décroissance pour ce qu’elle est (…). Une lubie de gosse de riches parfaitement égoïstes. Mais cela va généralement ensemble ». Pierre-Antoine Delhommais (Le Monde du 30 juillet 2006).
[4] - William Nordhaus et James Tobin, Is growth obsolete
(La croissance est-elle obsolète), article publié en 1972 (National bureau of economic research
general n°96E, Comumbia University
press, 1972.
[5] - Des démarches analogues appréciant les relations
sociales et environnementales des entreprises sur les pratiques témoignent de
cette tendance éthique, avec notamment les agences de notation sociale et
environnementale qui viennent compléter les avis des agences de notation
financières.
[6] - Jean Gadrey et Florence Jany Catrice : Les
indicateurs de richesse et de développement, rapport pour la DARES (Direction
de l’animantion, de la recherche, des études et des statistiques du Ministère
du travail), mars 2003. Les nouveaux indicateurs de richesse, La découverte,
Repères 2005.
[7] - Pierre Le Roy, directeur de la revue et du site
Globeco.
[8] - Cet indice permit d’étudier la qualité de vie et de
l’environnement dans 180 pays dans le rapport de Prescott-Allen : Le bien-être
des nations (2001).
[9] - L’empreinte écologique calcule les surfaces nécessitées
pour la consommation des ressources de l’agriculture, de la syviculture, de la
pêche, pour la construction d’habitations (terrains bâtis) et
d’infrastructures, et pour recycler les émissions de C02 produites et éliminer
les déchets. Cette empreinte est
exprimée en hectares.
[10] - Pour équilibrer l’empreinte écologique à la
biocapacité, la consommation annuelle en carbone autorisée, c’est-à-dire son
droit de tirage annuel, ne devrait pas dépasser 500 kilos par individu : la
moitié de la moyenne mondiale, le quart de la moyenne française et le douzième
de la moyenne américaine, en 2005.
[11] - Thèse
défendue par Jacques Richard, Pour une
révolution comptable environnementale, Le Monde, 5 février 2008.
[12] - Jean Gadrey,
Environnement et croissance, Alternatives économiques, décembre 2005.